A tous ceux qui se préoccupent de la transmission de la culture aux enfants: Plan Vigipirate/Dégâts collatéraux pour les lieux culturels et leur public

Paris, le 20 janvier 2015.

Les évènements tragiques survenus les 7, 8 et 9 janvier 2015 ont ébranlé la France entière. Ces actes abjects nous touchent au cœur et invitent à poursuivre le rassemblement citoyen initié le 11 janvier pour défendre collectivement les valeurs de la République. Parce que la liberté d’expression a été attaquée : les acteurs de la culture ne peuvent que s’en émouvoir. Nous partageons à travers cette lettre l’expression de nos sentiments d’indignation et notre détermination à œuvrer pour l’éveil des sensibilités et à la formation des esprits critiques.

Suite à ces évènements le plan Vigipirate a été élevé au niveau « Alerte attentat » en Ile-de-France. Les sorties scolaires et périscolaires à caractère exceptionnel sont suspendues jusqu’à nouvel ordre : les théâtres, musées, cinémas et lieux de patrimoine de la région ne peuvent plus accueillir de groupes d’enfants. Ces légitimes mesures de sécurité ne sont pas sans conséquences dommageables pour les structures culturelles, les artistes et les publics. Les impacts sont multiples.

D’une part, la rencontre entre les œuvres, les artistes et le public scolaire et périscolaire dans sa diversité sociale et culturelle est compromise affaiblissant pour un temps l’un des leviers de la démocratisation culturelle.

D’autre part, les répercussions pour les établissements sont importantes. L’annulation des visites, spectacles et projections, prévues souvent de longue date, représente un manque à gagner notamment pour les établissements dont l’économie repose principalement sur la venue de groupes d’enfants. Les pertes de recettes qu’elles impliquent sont sources d’inquiétudes pour l’équilibre de nos budgets.
Dans le cadre spécifique du spectacle vivant, les artistes sont directement touchés. Les représentations scolaires annulées seront dans la plupart des cas non rémunérées. Ces représentations sont aussi l’occasion de présenter le spectacle aux programmateurs, leur suppression mettra en péril les tournées futures et la viabilité économique déjà fragile de ces compagnies.

Parce qu’il est nécessaire que les enfants puissent malgré tout – et plus que jamais ! – rencontrer les œuvres, leurs créateurs et leurs passeurs, les initiatives pour palier cette situation se multiplient. Les artistes et les médiateurs se déplacent dans les écoles pour présenter des extraits de spectacle, des invitations sont remises aux enfants pour leur permettre d’assister aux séances « tout public » avec leurs parents, etc.

Par cette lettre ouverte nous souhaitons attirer l’attention sur les conséquences logistiques, financières et artistiques qu’entraînent aussi ces adaptations. Les œuvres auxquelles les enfants ont accès dans les lieux de culture ne sont pas transposables dans les écoles, nos initiatives sont des solutions d’urgence qui peuvent difficilement être maintenues sur la durée.

Nous remercions les visiteurs et spectateurs qui nous ont d’ores et déjà exprimé leur soutien quant à cette situation exceptionnelle et invitons le grand public à rester mobilisé en continuant de fréquenter les lieux de culture.

Nelly Le Grevellec, directrice, et l'équipe du théâtre Dunois
Un théâtre à Paris pour l'enfance et la jeunesse

Avec le soutien de : la Ville de Saint Denis, le Théâtre National de Chaillot, Le TARMAC, le Théâtre de Chevilly-Larue, le Groupe 3.5.81, l'ECAM - Théâtre du Kremlin-Bicêtre, le Centre Mandapa, le théâtre 71, le Théâtre Simone Signoret - Conflans-Sainte-Honorine, la Ville de Gennevilliers, le théâtre des Bergeries de Noisy-le-sec, les JM France, Paul-B - Salle de spectacles de Massy, le Théâtre de Sartrouville, l'Espace Culturel Boris Vian - Villes des Ulis, La Maison des Métallos.