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le gouvernement français : la séparation du crif   de l'état francais

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50 soutiens

mohamed B.
a lancé une pétition à destination de
le gouvernement français
Freud écrit à Einstein :

« Je ne puis trouver en moi l’ombre d’une sympathie pour cette piété fourvoyée qui fabrique une religion nationale à partir du mur d’Hérode, et pour l’amour de ces quelques pierres, ne craint pas de heurter les sentiments des populations indigènes. »

dans « Freud, une vie » de Peter Gay

Maurice Rajfus écrit :

« Un projet présenté comme « généreux » par ses initiateurs - le sionisme - et qui avait pour finalité les Juifs persécutés, pourchassés par les racistes pogromistes, a rapidement dérivé en une entreprise également raciste. Bien avant la création de l’Etat juif, en 1948, la dérive colonialiste annonçait irrémédiablement le rejet des Arabes palestiniens dont les sionistes « socialistes » expliquaient qu’ils n’existaient pas en tant que peuple. »

dans « Palestine : chronique des événements courants, 1988-1989 », de Maurice Rajsfus

Abraham Serfaty écrit :

« Le sionisme est avant tout une idéologie raciste. Elle est l’envers juif de l’hitlérisme [...] Elle proclame l’Etat d’Israël "Etat juif avant tout", tout comme Hitler proclamait une Allemagne aryenne. »

dans Ecrits de prison sur la Palestine d’Abraham Serfaty

Ilan Halévy écrit :

« Le point de départ du raisonnement sioniste, c’est effectivement l’axiome selon lequel la coexistence pacifique démocratique et égalitaire des ethnies au sein d’un même État est un leurre dont les camps nazis auraient démontré l’inanité. Que la lutte contre le racisme antijuif est vaine, et que ce dont les juifs ont besoin, c’est de force, de souveraineté exclusive. Cet impératif que Golda Meir exprimait en 1947, lorsqu’à un journaliste qui lui posait la question : « Si les Arabes vous garantissaient dans un État arabe les mêmes droits que ceux que vous offrez aux Arabes dans l’État juif, accepteriez-vous ? » elle répondait : « Non monsieur, car il faut qu’il y ait un endroit au monde où les juifs sont la majorité ! ». »

dans « Encore une fois à propos du sionisme et de l’antisémitisme »

Shlomo Sand écrit :

« L’histoire n’en est pas à une ironie près : il fut un temps en Europe ou celui qui affirmait que les juifs, du fait de leur origine, constituaient un peuple étranger était désigné comme antisémite. Aujourd’hui, a contrario, qui ose déclarer que ceux qui sont considérés comme juifs dans le monde ne forment pas un peuple distinct ou une nation en tant que telle se voit immédiatement stigmatisé comme « ennemi d’Israël ». »

dans « Comment le peuple juif fut inventé » de Shlomo Sand

Moshé Dayan à propos du nettoyage ethnique en Palestine :

« Des villages juifs ont été construits à la place des villages arabes. Vous ne savez même pas les noms de ces villages arabes, et je ne vous blâme pas, car les livres de géographie ont disparu. Et non seulement ces livres n’existent plus, mais les villages arabes non plus. Nahalal a été élevé à la place de Mahloul, le kibboutz Gvat à la place de Jibta, le kibboutz Sarid à celle de Huneifis, et Kfar Yehoshoua à la place de Tel al-Shuman. Il n’y a pas un seul endroit construit dans ce pays qui n’a pas eu une ancienne population arabe. Nous sommes une génération de colons, et sans le casque d’acier et canon, nous ne serons pas en mesure de planter un arbre ou construire une maison. La méthode de punition collective à ce jour s’est révélée efficace. Il n’y a plus de Palestine. Terminé. »



Le "peuple élu" devenu l’oppresseur...


... ses chefs les nouveaux pharaons



Et les descendants des victimes juives transformés en bourreaux des anciens occupants Palestiniens (ici à Sabra et Chatila)

Le sionisme, cet antisémitisme

Ce titre n’est pas du tout un jeu de mots pour répondre aux sionistes qui taxent d’antisémitisme quiconque est antisioniste, c’est-à-dire hostile à l’occupation coloniale et militaire de la Palestine. Non, il est véridique que le sionisme est bel et bien un antisémitisme, c’est-à-dire une idéologie fondée sur le mépris racial des sémites. Et nous allons le démontrer ici.

1- L’Etat d’Israël n’est nullement une réponse à l’antisémitisme et au génocide nazi

Tout est fait pour faire croire qu’on est négationniste (nier l’existence du génocide juif) si on combat la politique sioniste en Palestine. Cela est complètement faux ! Au contraire, ce sont les organisations sionistes qui ont tout fait pendant le génocide pour détourner l’attention de lui et ne pas faire comprendre qu’il s’agissait d’autre chose que des habituels pogromes !

Non seulement ce texte n’est pas négationniste mais il conteste que les organisations sionistes soient fondées sur le combat contre le génocide juif et s’en soient sérieusement préoccupées pendant qu’il se déroulait.

Tout est fait pour faire croire qu’on est négationniste (nier l’existence du génocide juif) si on combat la politique sioniste en Palestine. Cela est complètement faux ! Au contraire, ce sont les organisations sionistes qui ont tout fait pendant le génocide pour détourner l’attention de lui et ne pas faire comprendre qu’il s’agissait d’autre chose que des habituels pogromes !

Les organisations sionistes ont prétendu qu’elles ont dû attendre le rapport du printemps 1942 venu de Pologne par des militants du Bund (Parti socialiste des travailleurs juifs) et sa confirmation par le cablogramme de Gerhart Riegner représentant du Congrès juif mondial à Genève, envoyé aux gouvernements britannique et américain à l’été 1942.

Et même après cette information d’une destruction massive des Juifs, la principale préoccupation du Congrès Juif Mondial fut de ne pas détourner les fonds pour Israël vers l’aide matérielle aux Juifs d’Euope de l’Est. L’Organisation sioniste d’Amérique (Zionist Organization of America : ZOA) se consacra à la création d’un Etat israélien, se détournant totalement de la défense des Juifs d’Europe de l’Est. Durant le conflit lui-même, une seule déclaration de condamnation des atrocités commises par les Nazis contre les Juifs fut faite par les Alliés le 17 décembre 1942.

L’extermination des Juifs par les nazis : les alliés savaient, bien entendu. Le 12 septembre 1941, les services secrets britanniques écrivaient que les faits constatés constituaient « une preuve décisive d’une politique d’intimidation sauvage sinon d’extermination définitive des Juifs », comme le cite l’ouvrage de Richard Breitman, « Ce que les nazis planifiaient, ce que les Britanniques et les Américains savaient ». Le même jour, le Secret Intelligence Service écrit : « le fait que la police exécute tous les Juifs qui lui tombent entre les mains devrait être suffisamment connu désormais. » Cela n’empêchait pas les Etats et la presse de faire comme si de rien n’était, comme s’il y avait des racontars, des exagérations et, à l’automne 1943, la position officielle du Département d’Etat américain continuait à affirmer que ce sont des récits « parfois confus et contradictoires, et intégrant des histoires qui étaient manifestement des reliquats des récits horrifiques de la Première guerre ».

Pourtant, le 8 août 1942, Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à Genève recevant des informations sur la mise en place à Auschwitz de l’extermination industrielle par Himmler, en rendait compte ainsi aux consulats américain et britannique : « Au quartier général du Führer discussion et examen d’un plan selon lequel après déportation et concentration à l’Est de tous les juifs des pays occupés ou contrôlés par l’Allemagne représentant 3,5 à 4 millions de personnes doivent être exterminées d’un seul coup pour résoudre définitivement la question juive en Europe. » Il rajoutait à cette information la distance que prenait le congrès juif de manière systématique : « Transmettons information sous toutes réserves, son exactitude ne pouvant être confirmée. » Summer Welles, sous secrétaire d’Etat américain, demanda au rabbin Stephen Wise, président du Congrès juif américain, de garder le silence, ce que le rabbin accepta….

Les organisations sionistes des Juifs d’Amérique pas plus que ceux d’Angleterre ni du reste du monde ne se mobilisèrent pas pour exiger davantage d’aide des Etats.

Des mesures concrètes auraient pu être prises comme le bombardement de centres de mise à mort connus des Alliés. Ainsi, ceux-ci refusèrent de bombarder le camp d’Auschwitz-Birkenau ni même les voies de chemin de fer qui y menaient. Ils connaissaient pourtant l’existence et l’emplacement du camp, notamment grâce à des photos aériennes prises par les avions de la Royal Air Force. Or, des usines proches des différents camps du complexe d’Auschwitz furent elles-mêmes bombardées. Rien ne fut jamais tenté pour un sauvetage spécifique des populations juives, rien ne fut fait contre les centres de mise à mort et la libération des camps ne fut jamais un objectif militaire.

Comme l’écrit Nicolas Weill dans Le Monde du 19 avril 1983 « A Varsovie, comme dans le reste de l’Europe d’Hitler, les Juifs sont abandonnés à leur sort. Le 27 avril 1943, les révoltés de Varsovie pressent Arthur Zyngielbojm, qui représente à Londres le Bund auprès du gouvernement polonais en exil, de convaincre les Alliés d’exercer des représailles immédiates : « Au nom des millions de Juifs qui sont déjà morts, au nom de ceux qui sont assassinés dans les flammes, au nom des héroïques combattants et en notre nom à tous qui sommes promis à la mort, nous en appelons au monde entier. (…) Les Alliés doivent prendre conscience de la responsabilité historique qui rejaillirait sur eux s’ils restaient sans réaction face à un crime qui n’eut jamais d’équivalent (…) » Les Alliés restent sourds à ces appels. Pour protester contre l’indifférence des gouvernements et l’apathie des opinions publiques, Arthur Zyngielbojm se suicide le 12 mai. » Jamais ces révoltes n’ont été soutenues par les Alliés, ni rapportées au grand public par les gouvernants alliés, ni par les organisations sionistes des autres pays. Aucune des révoltes de l’Est n’a jamais reçu d’appui et les Alliés se sont même gardés ensuite de valoriser, de populariser, ces actes de bravoure qui rompaient avec la soumission. Ils les ont même cachés le plus qu’ils pouvaient. Ils préféraient présenter le peuple juif comme fataliste et faire croire qu’il s’était laissé faire sans bouger. En fait, nulle part les classes dirigeantes n’ont jamais eu la moindre sympathie pour les peuples révoltés, y compris s’il s’agit de peuples livrés à une mort certaine comme l’étaient les Juifs. Et les membres juifs ainsi que les organisations juives des classes dirigeantes, dans les pays sous la botte nazie ou dans les pays « alliés » n’avaient pas plus de sympathie pour une lutte pouvant avoir des conséquences révolutionnaires. Toutes les classes dirigeantes le savent, les intérêts de classe, c’est bien plus important que les soi-disant solidarités ethniques, nationales ou religieuses.

De fait, les Alliés n’entendaient pas consacrer d’efforts diplomatiques particuliers à la question juive ni lui allouer leurs ressources militaires, aussi bien humaines que logistiques.

Le Congrès Juif Mondial refusa d’examiner les moyens de pression pour demander aux Etats une intervention car cette pression pouvait faire perdre des soutiens pour Israël.

Le mouvement sioniste mondial a contribué à diffuser la thèse selon laquelle les forces et Etats alliés combattaient le fascisme, le nazisme, l’antisémitisme et tout cela est absolument faux. Les buts de guerre des alliés n’avaient rien à voir avec cela...

Les sionistes font de la shoah une justification de leur politique israélienne et la mythologie développe ainsi la révolte des Juifs comme le début des efforts de l’armée israélienne. C’est refaire l’histoire. Le principal dirigeant survivant de la révolte du Ghetto de Varsovie, Marek Edelman, s’est toujours opposé à cette transfiguration de l’insurrection en épisode d’héroïsme « sioniste », et plus généralement à l’idée que la création de l’Etat d’Israël puisse représenter non seulement une conséquence historique, mais le « sens » révélé a posteriori de la Shoah.

Des personnalités de poids, comme Israël Zangwill, un célèbre écrivain juif anglais, l’un des bras droits de Theodor Herzl et l’un des propagandistes de l’idée du transfert, s’étaient employés sans relâche à répandre le slogan selon lequel la Palestine était "une terre sans peuple pour un peuple sans terre". Ce concept est attribué à Herzl en personne par l’Encyclopædia judaica, dans laquelle le responsable sioniste américain Arthur Hertzberg écrivait que pour Herzl le "mouvement sioniste qu’il avait créé avait un but : le déplacement d’un "peuple sans terre" vers une "terre sans peuple"". Le même mythe de la "terre sans peuple" fut utilisé en 1914 par Haïm Weizmann, qui devint ensuite le président du Congrès sioniste mondial puis le premier président de l’Etat d’Israël : "A ses débuts, le sionisme était conçu par ses pionniers comme un mouvement totalement dépendant de facteurs matériels ; il existe un pays qui se trouve s’appeler la Palestine, un pays sans peuple, et, d’un autre côté, il existe le peuple juif, et il n’a pas de terre. De quoi d’autre avons-nous besoin sinon de mettre le bijou dans l’écrin, d’unir ce peuple et cette terre ? Ceux qui possèdent cette terre [sic] doivent, auparavant, être persuadés et convaincus que ce mariage est une bonne chose, non seulement pour le peuple [juif] et pour le pays, mais aussi pour eux."

Quant à refaire en Israël la place des Juifs, cela supposait d’en rayer de la carte les Palestiniens. Comme le montreront des dirigeants comme Sharon, l’idée sioniste de la Palestine « terre sans peuple » n’est pas bien loin d’une « solution finale » par la destruction des… Palestiniens.

L’idéologie selon laquelle les Juifs ne peuvent exister qu’en allant tous s’agglutiner en Israël, qu’ils ne peuvent pas vivre dans le reste du monde, est fondée justement sur l’idéologie antisémite...

C’est avec des arguments des antisémites que les sionistes ont toujours attaqué les Juifs qui ne cautionnaient pas les agressions menées par l’Etat d’Israël.

Donnons-en un exemple : l’acteur américain bien connu Dustin Hoffman.

Le crime de Dustin Hoffman ? Avoir accepté de participer à une cérémonie de remise de prix aux réalisateurs du film israélo-palestinien « Five broken cameras » (« Cinq caméras brisées »), qui relate la résistance des villageois de Bil’in au vol de leurs terres par la colonisation.

Alors, le Jewish Press, à l’en croire « le plus grand journal juif indépendant des Etats-Unis » se déchaîne. « Hoffman est quelqu’un dont la judaïté ne semble avoir joué aucun rôle dans l’existence, sinon d’avoir développé l’antisémitisme, de par sa petite taille, son appendice nasal, sa voix nasillarde et ses rôles de petit mec dégourdi, autant de caractéristiques qu’on attribue typiquement aux Juifs », lit-on dans ce journal. L’auteur de l’article, Lori Lowenthal Marcus, est également le président de l’association Z Street (avec un Z pour Zionist).

D’autres américains juifs coupables de critiques, mêmes timides, de la politique israélienne, ont droit à leur tombereau d’injures. L’écrivain Peter Beinart se voit par exemple traité de « vomissable Kapo ».

En France, un certain nombre de soi-disant "nouveaux philosophes" comme BHL, Finkielkraut ou Onfray ont basculé dans le discours d’extrême droite raciste, xénophobe et anti-arabe sous le prétexte de défendre Israël... Mais leurs arguments contre les Arabes ne sont rien d’autre que des arguments sur l’incapacité des sémites de s’assimiler !!!

La propagande antisémite qui prétend que les Juifs ne veulent s’entendre avec aucun peuple, loin de la combattre, les sionistes la reprennent à leur compte.

S’adressant à des Juifs américains, Mme Golda Meïr déclarait le 21 janvier 1970 que c’est " seulement leur immigration en Israël (qui) peut les sauver de l’assimilation ".

Les antisémites ont toujours prétendu que les Juifs ne voulaient pas s’intégrer dans les pays où ils vivaient. C’était une contrevérité. Les sionistes la transforment en idéologie !

Et ils l’ont fait dès les origines du sionisme !

En 1893, le journaliste Theodor Herzl, Juif de naissance mais adepte convaincu de la culture allemande, propose sa propre solution au « problème juif ». Au nom de l’amitié entre les races, il invitera le Pape de l’époque à baptiser et convertir tous les juifs d’Autriche, lors d’une cérémonie spéciale qui aura lieu dans l’église de Saint Stéphane à Vienne.

Dans son journal (Journal 1, page 14), il écrit : « Voici environ deux ans, j’ai entrepris de résoudre le problème juif, au moins en Autriche, avec l’aide de l’église catholique. J’ai demandé l’aide des hauts prélats de l’église autrichienne, afin d’obtenir par leur biais, une entrevue avec le Pape, pour lui dire : "Aidez-nous avec les antisémites, et je déclencherai un mouvement formidable parmi les Juifs, qui se convertiront de façon fière et spontanée au christianisme" ».

Herzl décrit aussi dans les moindres détails, la cérémonie de conversion de masse qu’il prépare. « La conversion sera effectuée en plein jour, un dimanche midi, dans la cathédrale de Saint Stéphane, par une procession joyeuse au son du clocher. Pas en cachette, selon la coutume des Juifs jusqu’à ce jour, mais la tête haute. Le fait que des leaders juifs qui conservent leur Judaïsme accompagnent leur peuple jusqu’aux portes de l’église, garantira la sincérité de la démarche. Nous, qui avons résisté courageusement, sommes la dernière génération attachée à la fois de nos pères. Mais nous voulions convertir nos enfants au christianisme avant qu’ils n’arrivent à l’âge de la raison, âge auquel la conversion revêt une forme de lâcheté […] ».

Autre extrait, tiré de la revue de Theodor Herzl « Tmurah », No 2, pages 12 et 13 : « Les prêtres sont au top de l’échelle, car ils ne sont pas attirés par l’argent ».

Theodor Herzl, fondateur de l’entité sioniste, méprisait les Juifs qui observaient la Torah et la tradition juive. Herzl avait des idées antisémites et décrivait les Juifs comme porteurs du mal…

En 1895, l’un des principaux théoriciens du sionisme, Theodor Herzl, écrivait dans son journal que l’antisémitisme était nécessaire au « caractère juif », poursuivant par « les antisémites seront nos (aux sionistes donc) plus surs alliés ».

Herzl se plaignait que les Juifs « rechercheraient la protection des socialistes et des destructeurs de l’ordre social existant… », poursuivant, Herzl évoqua ainsi ce fameux problème d’identité qu’auraient ces Juifs : « En vérité, ce ne sont plus des juifs. Assurément, ils ne sont pas davantage français. Ils vont probablement devenir les dirigeants de l’anarchisme européen ». D’ailleurs, en 1911, Aharon-David Gordon, l’un des leaders et des idéologues du mouvement Hapoel Hatzaïr (« Le Jeune Ouvrier »), mouvement social-démocrate sioniste reprenait quasiment à l’identique la rhétorique antisémite en écrivant :

« Nous sommes un peuple parasite : nous n’avons aucune racine dans la terre, aucun sol sous nos pieds. Nous ne sommes pas uniquement des parasites économiques, mais aussi des saprophytes de la culture des autres, de leur poésie, de leur littérature et même de leurs valeurs et de leurs idéaux. Tout courant de leur vie nous entraîne, toute brise soufflant dans leur région nous porte. Nous n’existons ni par nous, ni pour nous. Faut-il alors s’étonner de n’être rien aux yeux des autres peuples ? »

poursuivant :

« ce n’est pas de notre faute si nous en sommes là, mais telle est la réalité, telle est la diaspora. »

« D’honnêtes antisémites devront être associés à l’oeuvre (sioniste) pour y exercer en quelque sorte un contrôle populaire, tout en conservant leur entière liberté, précieuse pour nous ». Ces paroles et la justification d’un antisémitisme « honnête », accompagnée de la revendication, pour ceux qui le pratiquent, d’une « liberté précieuse », sont de Herzl lui-même.

Le fondateur du sionisme n’a pas précisé ce qu’il entendait par des antisémites « honnêtes », mais dans les faits, il a accordé des brevets d’honnêteté à des antisémites dont la liberté est loin d’avoir été précieuse pour les Juifs. C’est ainsi qu’il a - à la grande indignation des Juifs de l’époque - rencontré, en 1904, Plehve. le ministre de l’intérieur de la Russie tsariste, celui-là même que la communauté juive de Russie tenait, non sans raison, pour responsable du terrible pogrom de Kichinev. Plehve promit d’ailleurs à Herzl, « un appui moral et matériel au jour où certaines... mesures pratiques serviraient à diminuer la population juive de Russie ». Il n’est pas exclu qu’un calcul analogue ait inspiré Lord Balfour, dont la célèbre déclaration assura l’appui décisif de la Grande-Bretagne à l’entreprise sioniste, puisqu’il n’hésita pas à se faire élire, à la Chambre des Communes, sur une plateforme comprenant un projet de loi interdisant l’émigration en Angleterre et, singulièrement, l’émigration juive.

Dès ses début, le sionisme s’en est donc directement pris à la diaspora, comme le rappelle Zeev Sternhell dans son ouvrage Aux origines d’Israël. Entre nationalisme et socialisme, puisque les Juifs de la diaspora étaient accusés de dissoudre l’identité juive, qui devait être sauvée par le projet politique sioniste. Sternhell rappelle ainsi les termes de Ben Gourion en 1915 :

« Jamais, en diaspora, nous ne pourrons développer une vie nationale spécifique. Non pas uniquement parce que ce droit nous y est interdit, mais surtout parce que, là-bas, nous serons toujours dépendants de la matière et de l’esprit qui nous entourent ; un esprit et une matière qui nous imposent, consciemment ou inconsciemment, leur être et leur façon d’être ».

Au lieu de combattre l’antisémitisme, les Sionistes ont donc intégré les arguments antisémites à leur idéologie sans s’y opposer. Il n’est dès-lors guère étonnant que les Sionistes aient voulu devenir à leur tour antisémites en arrivant en Palestine, comme le rappelle très justement Joseph A. Massad dans La persistance de la question palestinienne.

Le sionisme a certes trouvé des justifications et des soutiens suite au génocide nazi mais il n’avait pas attendu celui-ci pour se développer sur des bases d’abord et avant tout hostiles à la révolution sociale.

Le 1er février 1940, Henry Montor, vice-président exécutif de l’Appel Juif Uni, dirigeant sioniste de premier plan, avait refusé d’intervenir lorsqu’une cargaison de réfugiés juifs a échoué sur le Danube, en déclarant que « la Palestine ne peut être peuplée avec... des gens âgés ou des personnes indésirables ». Précisons que les indésirables sont les communistes et autres révolutionnaires… Il déclarait ouvertement souhaiter une « immigration sélective vers la Palestine et pas une aide pour secourir les Juifs réfugiés ».

2- Le sionisme, produit de l’impérialisme contre les Juifs opprimés et révoltés

La politique sioniste en Palestine a été voulue par la bourgeoisie impérialiste pour faire face au danger révolutionnaire que représentait la question nationale juive aux côtés de la révolution prolétarienne en Europe de l’Est lors de la vague révolutionnaire qui a suivi la révolution russe de 1917 dans laquelle les Juifs avaient déjà joué un rôle majeur puis dans la période de la crise de 1929 et ses suites fascistes et guerrières.

L’idée de faire de la Palestine le « foyer national juif » a pris tournure après la première guerre mondiale au sein du Conseil des Quatre qui réunissait à Paris les représentants des quatre plus grandes puissances mondiales et dont l’anglais Balfour (auteur du fameux rapport en faveur de l’implantation juive en Palestine) était l’un des principaux conseillers.

Voici quelques extraits des conversations du Conseil des Quatre dactylographiées et éditées par le CNRS :

Président Wilson :

Un des éléments qui troublent la paix du monde est la persécution des Juifs. Vous savez qu’ils sont particulièrement mal traités en Pologne et qu’ils sont privés des droits de citoyen en Roumanie. (...) Rappelez-vous que, quand les Juifs étaient traités en hors la loi en Angleterre, ils agissaient comme des gens hors la loi. Notre désir est de les ramener partout dans la loi commune. (...)

(Suite le 3 mai) Nos gouvernements, du moins les gouvernements britannique et américain, ont pris, vis-à-vis des Juifs, l’engagement d’établir en Palestine quelque chose qui ressemble à un Etat israélite, et les Arabes y sont très opposés.

(Suite le 17 mai) Ce n’est pas seulement un sentiment de bienveillance à l’égard des Juifs, mais par l’incertitude du danger que le traitement injuste des Juifs crée dans différentes parties de l’Europe. Le rôle des Juifs dans le mouvement bolcheviste est dû sans aucun doute à l’oppression que leur race a subi pendant si longtemps. Les persécutions empêchent le sentiment patriotique de naître et provoquent l’esprit de révolte. A moins que nous ne portions remède à la situation des Juifs, elle restera un danger pour le monde.

(Suite 6 juin) France, Italie, Grande Bretagne, Etats-Unis, ce n’est pas sur leurs territoires que l’on trouve cet élément juif qui peut devenir un danger pour la paix en Europe, mais en Russie, en Roumanie, en Pologne, partout où les Juifs sont persécutés.

Lloyd George :

Cette difficulté subsistera jusqu’à ce que les Polonais deviennent assez intelligents pour savoir tirer parti de leurs Juifs, comme le font les Allemands.

(Suite 23 juin) Président Wilson : Le plus important est d’apaiser les inquiétudes des Juifs. Je crains toujours de laisser subsister de ce côté un ferment dangereux. »

10 mai 1919

Président Wilson :

Une intransigeance de notre part aurait pour résultat une révolution en Pologne. Et, pour commencer, la chute de son gouvernement. (...)

Lloyd George :

J’ai reçu ce matin un autre rapport qui me dit qu’à mesure que Koltchak avance, il se produit des désordres derrière lui. Les Bolcheviks ont quelques succès en Sibérie orientale. Cela ne veut-il pas dire que l’on croit que si Koltchak réussissait, le but final de son entourage serait le retour au passé ? Ne croit-on pas que c’est à cela que les Alliés veulent l’aider ? (...)

23 juin 1919

(…)

Le président Wilson

En Pologne, le plus important est d’apaiser les inquiétudes des Juifs. Je crains toujours de laisser subsister de ce côté un ferment dangereux.

Lloyd George

Il ne faut pas que notre désir de protéger les Juifs aille jusqu’à en faire un Etat dans l’Etat. (…)

Le président Wilson

Je vous ferai observer que j’ai toujours été opposé à la formation d’une communauté juive autonome à l’intérieur de l’Etat polonais. (…)

Lloyd George

D’autre part, il faut éviter tout ce qui reconnaîtrait le Yiddisch comme langue des Juifs. Il faut faire en sorte que la Pologne ne soit pas obligée de reconnaître officiellement cette langue, qui n’est qu’un allemand corrompu. (…)

Headlam-Morley

La question est de savoir quel est le traitement qui contribuera le plus à les rendre des citoyens fidèles à l’Etat polonais. (…)

Balfour

Je crains fort que le problème juif ne devienne dans l’avenir une des plus graves. Cette idée de constituer à l’intérieur de la Pologne une nation juive est très dangereuse. » Fin des extraits des débats du Conseil des Quatre à Paris.

C’est pour répondre à cette menace pour la domination mondiale de la bourgeoisie que la bourgeoisie anglaise et mondiale, avec des représentants antisémites comme Churchill, a choisi le sionisme comme piège pour les peuples d’origine juive. Il s’agit pour les grandes puissances de s’appuyer sur le mouvement sioniste contre les risques révolutionnaires parmi les populations juives d’Europe de l’Est.

Winston Churchill explique ainsi dans « Sionisme contre Bolchevisme : un combat pour l’âme du peuple juif » que le sionisme doit être développé par l’impérialisme pour faire face à la révolution prolétarienne qu’il appelle bolchevisme. Il commence par prétendre que les armées blanches de Russie que soutenaient les impérialismes protégeaient les Juifs, ce qui est plutôt risible :

« Inutile de dire que les passions de revanche les plus vives ont été excitées chez le peuple russe. Là où l’autorité du Général Denikine s’exerçait, il y a toujours eu une protection accordée à la population juive et de grands efforts ont été faits par les officiels pour empêcher des représailles et punir les coupables. On en a la preuve dans la propagande Petluriste contre le Général Denikine car elle le dénonçait comme le protecteur des Juifs. A Kiev, les nièces de Mr. Tim Healy, d’après leurs propres témoignages, ont déclaré avoir vu plus d’une fois des officiers ayant nuis à des Juifs être dégradés et renvoyés au front. Mais les hordes de brigands qui se sont développées dans tout l’Empire Russe, attaquent l’innocente population juive pour satisfaire leurs envies de sang et de vengeance. Le brigand Makhno, les ordres de Petlioura et de Gregorieff, qui se sont signalés par de terribles massacres, ont trouvé dans des populations furieuses des formes d’antisémitisme les pires qui soient. Le fait que dans certains cas les intérêts juifs ainsi que leurs lieux de résidence soient épargnés par les Bolcheviques n’a fait qu’accroître l’association que l’on a fait entre Juifs russes et toutes les vilainies révolutionnaires. Or c’est une grande injustice que de penser cela , alors que des millions de gens sans espoir sont les victimes également du régime. Il est donc important d’encourager un solide mouvement juif qui permette de faire sortir les Juifs de ces funestes associations. Et c’est ici que le Sionisme prend une grande signification pour tout le monde actuellement. Un « foyer national » pour les Juifs. Le Sionisme offre une troisième tendance aux conceptions possibles du peuple juif. Complètement opposé au communisme international, il présente pour le Juif, une idée nationale forte. C’’est au Gouvernement Britannique, ayant conquis la Palestine, qu’incombe la responsabilité de créer pour le peuple juif un endroit sûr et un centre de vie nationale ; c’est le sens de la Déclaration Balfour et des nombreuses déclarations faites depuis que l’on doit considérer comme la politique irrévocable de la Grande Bretagne. Le succès de ce mouvement plein d’espoir est soutenu par l’action énergique du Dr. Weissmann, le leader du projet sioniste, accompagné par les plus éminents Juifs britanniques, avec l’autorité de Lord Allenby. Evidemment, la Palestine est bien trop petite et ne pourra recevoir qu’une petite partie du peuple juif et pas la majorité des Juifs nationaux qui voudraient y venir. Mais si, comme cela va arriver, on peut créer dons notre génération, sur les rives du Jourdain, un Etat juif sous la protection de la Couronne Britannique, qui comprendra trois à quatre millions de Juifs, cela sera à tous points de vue bénéfique et en harmonie avec les vrais intérêts de l’Empire Britannique. Le Sionisme est aussi devenu un élément dans les convulsions actuelles en Russie, comme un mouvement influent et en concurrence avec les cercles bolcheviques du système communiste international. Rien n’est plus significatif que la fureur avec laquelle Trotski a attaqué les Sionistes en général et le Dr. Weissmann en particulier. Dans sa cruelle cervelle, il ne faisait pas de doute pour lui, que ses schémas d’Etat communiste mondial dominé par les Juifs étaient mis à mal par ce nouvel idéal qui canalise les énergies et les espoirs des Juifs de tous les pays vers un but, plus simple, plus vrai et plus atteignable. La lutte qui commence entre Sionistes et Bolcheviques juifs n’est rien moins que la lutte pour l’âme du peuple juif. Ce que doivent faire les Juifs loyaux. Dans les circonstances présentes, il est particulièrement important que les Juifs nationaux de chaque pays, loyaux envers leur pays d’adoption, soient présents en chaque occasion, comme ils l’ont fait en Angleterre, dans le combat contre la conspiration bolchevique. Ainsi, ils défendront l’honneur juif et montreront au monde entier que le mouvement bolchevique n’est pas un mouvement juif et qu’il est violemment repoussé par la grande masse du peuple juif. Mais une simple résistance négative au bolchevisme ne suffit pas. Des alternatives positives et pratiques sont nécessaires tant dans la sphère morale que sociale. Construire le plus vite possible un Centre National Juif en Palestine ne deviendra pas seulement un refuge pour les opprimés des pays de détresse d’Europe Centrale, mais sera aussi un symbole de l’unité juive et un temple pour la gloire juive. C’est une tâche qui suscite, de notre part, de nombreuses bénédictions. »

Le texte intégral de Churchill

David R. Francis, ambassadeur des Etats-Unis en Russie, avertit dans une dépêche à Washington en janvier 1918 : « Les dirigeants bolcheviks ici, dont la plupart sont des Juifs et dont 90% sont des exilés de retour [en Russie], font peu de cas de la Russie ou de tout autre pays, mais sont des internationalistes et ils essayent de déclencher une révolution sociale à l’échelle mondiale. »

L’ambassadeur des Pays-Bas en Russie, Oudendyke, fit à peu près le même constat quelques mois plus tard : « A moins que le Bolchevisme ne soit tué dans l’oeuf immédiatement, il est destiné à se répandre sous une forme ou sous une autre en Europe et dans le monde entier, car il est organisé et conduit par des Juifs qui n’ont pas de nationalité, et dont le premier objectif est de détruire pour leur propre bénéfice l’ordre de choses existant. »

Ce que craignaient le plus les chefs politiques des classes dirigeantes du monde en cette fin de première guerre mondiale, ce sont les risques révolutionnaires et ils avaient conscience que la situation des Juifs d’Europe augmentait ces risques. La révolution russe avait déjà montré que l’oppression des Juifs, loin de se contenter de mener au fatalisme prétendument traditionnel, pouvait entraîner une fraction notable des Juifs aux côtés de la révolution sociale. Et dans des pays comme la Pologne, le risque était décuplé par le fait que les Juifs, très opprimés, représentaient une fraction importante de la population et encore plus grande de celle des villes, y compris une fraction non négligeable de la classe ouvrière et la majorité des petits artisans, y compris dans des grandes villes comme Varsovie ou Lodz.

Loin de vouloir s’attaquer aux racines du mal, à l’oppression des Juifs, aux pogromes dont la cause était la technique des classes dirigeantes visant à noyer le mécontentement dans le pogrome, ces dirigeants des grandes « démocraties » de France, d’Angleterre et des USA avaient d’abord et avant tout besoin des fascismes contre la révolution. L’Allemagne allait bien le démontrer en 1918-19 avec la bourgeoisie allemande organisant sur ordre de la social-démocratie l’écrasement dans le sang de la révolution ouvrière par les « corps francs » fascistes. Si la vague révolutionnaire est vaincue, elle l’est en s’appuyant sur des régimes d’Europe de type semi-fasciste comme la dictature antisémite de Pologne du général Pilsudski.

La situation qui précède la deuxième guerre mondiale est une nouvelle mobilisation des Juifs opprimés d’Europe, comme elle connaît une nouvelle mobilisation du prolétariat, à nouveau menaçant. Il faut d’abord rappeler qu’en 1936, les ouvriers et les jeunes Juifs ont été nombreux à être attirés par le courant communiste stalinien. L’accord entre Staline et Hitler en 1939 pour l’envahissement et le partage de la Pologne devait rompre durement cette attraction. Il n’en subsistait pas moins que les Juifs, soit une importante fraction de la population prolétarienne des villes de Pologne, se radicalisaient à cette époque et représentaient une menace pour la bourgeoisie.

En 1917, les classes dirigeantes du monde s’inquiètent à nouveau des risques révolutionnaires liés à la question juive en Europe de l’Est.

C’est Balfour, le même que fera ensuite partie du Conseil des Quatre, qui préconise en 1917 la formation d’un foyer national juif en Palestine (déclaration dite Balfour) et pas par amour des Juifs ! Lord Balfour lui-même avait été le promoteur, en 1905, d’un projet de loi sur la limitation de l’immigration en Grande-Bretagne, qui visait avant tout les juifs de Russie.

La Déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte adressée à Lord Lionel Walter Rothschild, publiée le 2 novembre 1917 par Arthur James Balfour, le ministre britannique des Affaires Étrangères, en accord avec Chaim Weizmann, alors président de la Fédération Sioniste et qui sera élu en 1948 président de l’État d’Israël. Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif avec le respect des communautés non juives sur le territoire. Cette déclaration est considérée de facto comme une des premières étapes dans la création de l’État d’Israël.

Après l’échec de la vague révolutionnaire en Europe, l’antisémitisme se rajoute à la haine de la révolution prolétarienne.

Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une partie de la presse allemande, notamment des journaux régionaux comme le Duesseldorf Nachrichten ou le Fraenkischer Kurier, contribue à diffuser la thèse du coup de poignard dans le dos ayant causé la défaite de l’armée allemande, et l’attribuent aux « révolutionnaires juifs ». La présence de quatre juifs — Rosa Luxemburg, Leo Jogiches, Paul Levi, August Thalheimer — parmi les militants spartakistes fondateurs du Parti communiste d’Allemagne excite tout particulièrement l’antisémitisme dans les milieux nationalistes allemands. Plus largement, de nombreux juifs tiennent des rôles importants dans l’agitation révolutionnaire en Allemagne en 1918 et 1919, non seulement à Berlin et en Bavière, mais aussi à Dresde, dans la Ruhr ou à Magdebourg. Kurt Eisner, chef du premier gouvernement socialiste à Munich, est juif, de même que Eugen Leviné et Ernst Toller, dirigeants de la République des conseils de Bavière.

La forte présence de Juifs parmi les révolutionnaires constitue une « bénédiction » pour les nationalistes antisémites allemands, qui y voient la confirmation de leurs idées ; elle contribue par ailleurs à disséminer dans l’opinion publique l’idée que les Juifs sont, sinon tous des révolutionnaires, du moins animés de sentiments « anti-nationaux ». La période 1919-1923 voit une très forte augmentation des actes antisémites en Allemagne. Adolf Hitler compte parmi les nombreux nationalistes allemands fortement marqués par cette période. Les expériences du gouvernement Eisner et de la République des conseils contribue tout particulièrement à faire progresser l’antisémitisme en Bavière, où Hitler s’affirme bientôt comme le plus doué des agitateurs antisémites.

La chute du régime de Béla Kun après l’échec de la révolution prolétarienne en Hongrie est suivie par des exactions commises non seulement contre les sympathisants communistes réels ou supposés, mais également contre la population juive hongroise.

Dans la révolution polonaise, la réaction va voir également la main des Juifs. Une large part de la population juive, souvent russifiée à l’est du pays, manifeste peu d’enthousiasme pour la formation du nouvel État en 1919 ; l’année suivante, lors de la guerre soviéto-polonaise, une partie des Juifs polonais accueille comme des « libérateurs » les soldats de l’Armée rouge (souvent pour être ensuite soumis à des pogroms et des pillages par les mêmes troupes soviétiques qu’ils avaient favorablement accueillies) ; s’y ajoutent les expériences vécues par des Polonais en Russie soviétique, où ils ont pu rencontrer des Commissaires du Peuple juifs.

Le 8 mai 1920, le Times publie un long article, intitulé The Jewish peril, qui présente les Protocoles des Sages de Sion (un document fabriqué par le tsar Nicolas II pour discréditer les Juifs comme organisateurs d’un vaste plan secret de domination du monde) comme un document digne de foi. Un autre grand quotidien britannique, The Morning Post, mène dès le début de 1918 une véritable campagne antisémite centrée sur le thème du judéo-bolchevisme. Le 23 avril 1919, le Morning Post reçoit une aide inattendue de la part d’un groupe de dix personnalités juives britanniques, dont Lionel Walter Rothschild, qui y publient une lettre condamnant la presse juive pour son soutien supposé aux bolcheviks et à l’agitation révolutionnaire des Juifs étrangers résidant au Royaume-Uni.

Dans le Illustrated Sunday Herald du 8 février 1920, Winston Churchill accuse les Juifs d’être responsables de la révolution russe :« Il n’y a pas besoin d’exagérer la part jouée dans la création du bolchevisme et dans l’arrivée de la Révolution russe par ces Juifs internationalistes et pour la plupart athées. C’est assurément un très grand rôle ; il surpasse probablement tous les autres. Avec la notable exception de Lénine, la majorité des figures dominantes sont des Juifs ».

Churchill écrit encore :

« Ce mouvement (vers le communisme internationaliste) chez les juifs n’est pas nouveau. De l’époque de Spartacus-Weishaupt à celle de Karl Marx, jusqu’à Trotsky (Russie), Bela Kun (Hongrie), Rosa Luxembourg (Allemagne) et Emma Goldman (Etats-Unis), cette conspiration mondiale destinée à détruire la civilisation pour reconstituer une société fondée sur la stagnation, sur la malveillance et l’envie et sur une impossible égalité n’a fait que croître. Elle a été derrière tous les mouvements subversifs du XIXe siècle ; et à présent, pour finir, cette bande de personnages extraordinaires issus de la pègre des grandes villes d’Europe et d’Amérique a empoigné le peuple russe par les cheveux pour devenir pratiquement les maîtres incontestés de cet énorme empire. »

Au début des années 1920, l’industriel américain Henry Ford publie une série de brochures intitulées Le Juif international, dans lesquels il reprend, parmi d’autres thèmes antisémites, le mythe du judéo-bolchevisme. Pour Ford, l’anti-capitalisme des bolcheviks n’est qu’en contradiction apparente avec le contrôle exercé par les Juifs sur le capitalisme mondial, car le bolchevisme n’est opposé qu’au « capitalisme des gentils » (gentile capitalism). The Dearborn Independent, journal possédé par Henry Ford entre 1919 et 1927, diffuse largement la thèse du judéo-bolchevisme parmi d’autres théories antisémites.

En 1923, en qualité de membre du conseil d’administration de Harvard ; Roosevelt avait conclu qu’il y avait trop d’étudiants juifs dans la faculté et avait participé à la mise en place d’un quota pour limiter le nombre d’inscrits. En 1936, il avait suggéré en privé que les Juifs dominaient l’économie en Pologne et que c’est à eux qu’on devait faire le reproche de provoquer de l’antisémitisme dans ce pays. En 1941, il avait observé lors d’une réunion du cabinet qu’il y avait aussi trop de juifs parmi les employés de l’administration fédérale en Oregon. En 1943, il avait dit à des officiels du gouvernement dans l’Afrique du Nord libérée par les alliés que le nombre de juifs indigènes « devait certainement être limité » dans plusieurs professions afin « d’éviter les récriminations particulières et compréhensibles des allemands à l’égard des juifs en Allemagne. »

C’est encore le capitaliste américain Henry Ford, patron de trust automobile, qui diffuse en décembre 1927 dans le monde entier son livre The International Jew (Le Juif International) qui dénonce la menace communiste des Juifs, que Hitler reprendra dans Mein Kampf. En fait l’ensemble de la thèse d’Hitler n’est qu’une reprise de Ford…

Ford considère en effet que le mouvement ouvrier, syndicaliste, socialiste comme communiste est d’origine juive, que ce soient la révolution russe ou européenne, que ce soient les syndicats de New York et les IWW (International Workers of th Worl) ! Ford s’intéresse aussi au rôle international des financiers et, d’une façon générale, de la communauté juive nord-américaine. Une de ses affirmations les plus bizarres est que le bolchevisme est issu du quartier juif de New York, l’East Side. La preuve en serait que Trotski a lui-même habité New York pendant quelques années ; il était donc un East Sider. En fait, « tous les dirigeants de l’East Side savaient que Trotski “allait prendre l’emploi du tsar” (...). Il n’y avait rien de hasardeux dans cela. Tout avait été préalablement organisé, et les personnes désignées sont allées directement à leurs places prévues ». Bref, « la révolution juive bolchevique a été programmée en Amérique », et les activités de Trotski ont été financées par le banquier juif new-yorkais Max Warburg… Ford en conclue la nécessité du nettoyage ethnique et parle ouvertement de race à éliminer. Il est le premier à employer ces termes.

Dans "Comment les Juifs peuvent combattre la persécution", non publié, Churchill évoque les persécutions antisémites menées par le régime nazi au pouvoir en Allemagne depuis 1933. "Il serait facile d’attribuer (l’hostilité aux Juifs) à la méchanceté des persécuteurs, mais cela ne concorde pas avec tous les faits", écrivait-il trois ans avant de devenir le chef du gouvernement britannique. Car selon lui, "le fait central qui domine les relations entre Juif et non-Juif est que le Juif est ’différent’". "Il a l’air différent. Il pense différemment. Il a une tradition et un héritage culturel différents. Il refuse d’être assimilé". Aux Etats-Unis, l’attitude des dirigeants vis-à-vis des Juifs est très loin du mythe pro-Juif. Rappelons la conférence d’Evian en juillet 1938, initiée justement par Roosevelt. Elle avait pour but la question des réfugiés civils, le mot juif ne fut pas utilisé. Le CICR ne fut pas invité. Cette conférence fut un échec dans le sens que la seule directive concernant des civils en danger, fut de favoriser la diplomatie. Aucun pays ne s’est engagé à accueillir les réfugiés juifs.

Avant et pendant la guerre l’accueil des juifs par les Etats-Unis fut des plus restrictif. Des quotas de Juifs étaient pratiqués ouvertement aux USA. Par exemple, il y avait, pendant les mandats de Abbott L. Lowell à la tête de Harvard (1909-1933), un quota officieux de 15% d’étudiants Juifs dans toutes les classes de première année.

En mai 1943, le président Franklin Roosevelt avait rencontré le premier ministre britannique Winston Churchill à la maison Blanche. C’était 17 mous après Pearl Harbour et un peu plus d’un an avant le Jour-J. Les deux leaders alliés avaient évalué l’effort de guerre en cours et échangé des idées sur leurs plans pour l’après-guerre. A un moment de la discussion, FDR avait présenté ce qu’il appelait « la meilleure manière de régler la question juive. »

Le vice président Henry Wallace, qui avait consigné la conversation dans son journal, observe que Roosevelt avait évoqué sur un ton approbateur un plan (recommandé par Isaiah Bowman, géographe et président de l’université John Hopkins) consistant à éparpiller les juifs dans le monde entier. » L’entré du journal ajoute : « Le président disait avoir essayé [ce plan] dans le Comté de Meriwether en Géorgie [où Roosevelt résidait dans les années 1920] et à Hyde Park sur la base de l’adjonction de cinq familles juives dans chaque endroit. Il soutenait que la population locale ne ferait pas d’objection s’il n’y en avait pas plus que ça. »

Ce passage sue la “meilleure manière” selon Roosevelt est condescendante et déplaisante et, si elle était venue de quelqu’un d’autre, aurait sans doute été considérée comme antisémite. Mais plus encore, le soutien de FDR à l’idée « d’éparpiller les juifs » est peut-être la clef qui permet de comprendre quelque chose qui a été au centre d’une controverse pendant des décennies : la réaction circonspecte du gouvernement américain à l’holocauste.

Voila le paradoxe. Le système d’immigration des Etats Unis avait sévèrement limité le nombre de juifs allemands pendant les années du nazisme à environ 26 000 par an – mais même ce quota n’était atteint qu’à hauteur de 25 % pendant la plus grande partie de l’époque hitlérienne parce que l’administration Roosevelt avait ajouté de nombreux critères supplémentaires exigés de candidats à l’immigration. Par exemple, à partir de 1941, le simple fait d’avoir laissé un proche parent en Europe pouvait être suffisant pour disqualifier un candidat à l’immigration – à partir de l’idée absurde que les nazis pourraient menacer le parent resté en arrière et par ce biais forcer l’immigrant à espionner pour Hitler.

Pourquoi le gouvernement des Etats Unis s’employait-il activement à décourager et à disqualifier les Juifs candidats à l’immigration aux Etats Unis ? Pourquoi le président n’avait-il pas instruit directement son Département d’Etat (qui administrait le système d’immigration) de remplir les quotas pour l’Allemagne et les pays occupés par les puissances de l’Axe jusqu’à la limite légale ?

Tout cela n’a pas empêché la politique anglo-américaine d’être définitivement favorable à Israël à sa création et après… Mais pas du tout par amour des Juifs. Pas du tout parce que les USA auraient été manipulés par la « finance juive »… Parce que le sionisme était un instrument de la politique impérialiste.

3- Le sionisme n’a jamais cherché à combattre les exactions des nazis et a couvert la complicité des grandes puissances

Comme chacun sait, lorsque la guerre mondiale a été terminée, après la défaite non su nazisme ou du fascisme mais de l’impérialisme allemand face aux impérialisme anglais et américain, l’Etat juif est né en se prévalant de la volonté des alliés victorieux de dénoncer les crimes du nazisme comme justification de leurs propres crimes de guerre.

Il convient de rappeler que jamais au cours de la guerre mondiale, les puissances américaine et anglaise n’ont voulu faire du génocide des Juifs un élément sérieux de critique ni de mobilisation contre le régime allemand.

Le mouvement sioniste n’a nullement prévenu des risques de massacres en Europe de l’Est.

“En décembre 1942, lorsque le caractère massif de l’extermination des Juifs d’Europe devint patent (écrit Beit-Tsvi), l’homme qui allait devenir le deuxième président de la République d’Israël, Chazar, formula la question purement rhétorique suivante : ‘pourquoi, nous, (mouvement sioniste), n’avons-nous pas su ? Pourquoi les nazis ont-ils pu nous prendre au dépourvu ?’ Tandis qu’un autre participant à la même réunion des dirigeants du mouvement sioniste, Moshé Aram, déclarait de son côté : ‘Nous avons été des complices involontaires du massacre’ (parlant de ceux qui savaient, mais n’avaient rien fait).”

“L’organisation sioniste a réussi le tour de force de ‘ne rien savoir’ de la catastrophe jusqu’à l’automne 1942 et si ce tour de force, elle l’a réalisé, c’est pour la simple raison qu’elle ne voulait rien savoir”, poursuit Beit-Tsvi.

Le 18 janvier 1943, les nouvelles au sujet des tueries de Juifs avaient pris une telle ampleur, sans commune mesure, qu’il était devenu impossible de les occulter et qu’il fallait en débattre. Au cours d’une réunion tenue par les dirigeants sionistes, la position qui l’emporta fut celle d’Yitzhak Grinbaum : ne pas donner un seul kopek pour le sauvetage des Juifs, et tout faire pour empêcher la collecte de moyens consacrés à cette fin. “Cela est dangereux pour le sionisme, nous ne pouvons pas donner de l’argent prélevé dans les caisses du mouvement sioniste (Keren Ga-esod) fût-ce pour sauver des Juifs. Nous aurions assez d’argent pour ce faire, mais nous devons garder ces moyens financiers pour notre (propre) lutte. Le sionisme passe avant tout : voilà quelle est notre réponse à ceux qui s’aviseraient de s’écarter de notre mission première afin de sauver les Juifs d’Europe”. Au cours de la même séance (mémorable), Yitzhak Grinbaum était élu ‘ministre du sauvetage des Juifs européens”.

Ainsi, le mouvement sioniste se tint pratiquement totalement à l’écart des tracas que représentait (pour lui) le sauvetage des gens en train de mourir. Beit-Tsvi cite des dizaines de déclarations et de procès-verbaux de l’époque : “En mai 1942, le chef des sionistes américains, bolcheviques Hillel Silver, définit les deux missions fondamentales auxquelles les sionistes des Etats-Unis étaient confrontés : l’éducation nationaliste et la popularisation de l’idée d’un état juif indépendant. Sur le sauvetage (des Juifs en cours d’extermination) : pas un mot. En octobre 1942, Ben Gourion définit les trois tâches fondamentales du sionisme : la lutte contre les entraves à l’immigration des Juifs (en Palestine), la constitution de forces armées juives et la création d’un Etat juif en Palestine, une fois la guerre terminée. Sur le sauvetage des Juifs (en cours d’extermination) : pas un mot.”

Pour ceux qui estiment que le massacre des Juifs d’Europe de l’Est était imprédictible : il faut lire les écrits de Trotsky :

Décembre 1938 : « La bourgeoisie juive est restée fidèle au principe : ne rien donner. (Il s’agissait du refus de donner de l’argent à la lutte révolutionnaire y compris la lutte contre le fascisme - note M et R) Même aujourd’hui, quand c’est de sa tête qu’il s’agit. Étouffant dans ses contradictions, le capitalisme dirige des coups forcenés contre les Juifs et en outre une partie de ces coups tombe sur la bourgeoisie juive en dépit de tous ses “ services ” passés rendus au capitalisme. Des mesures de nature philanthropique pour les réfugiés deviennent de moins en moins efficaces en comparaison de l’immensité des maux qui accablent le peuple juif. (…) Le nombre de pays qui expulsent les Juifs ne cesse de croître. Le nombre de pays capables de les accueillir diminue. En même temps la lutte ne fait que s’exacerber. Il est possible d’imaginer sans difficulté ce qui attend les Juifs dès le début de la future guerre mondiale. Mais, même sans guerre, le prochain développement de la réaction mondiale signifie presque avec certitude l’extermination physique des Juifs. (…)Les éléments progressistes et perspicaces du peuple juif doivent venir au secours de l’avant garde révolutionnaire. Le temps presse. Un jour, aujourd’hui, équivaut à un mois ou même à une année. Ce que tu fais, fais le vite ! »

Trotsky dans « La bourgeoisie juive et la lutte révolutionnaire » En mai 1940, il écrivait :

« A l’époque de sa montée, le capitalisme a sorti le peuple juif du ghetto et en a fait l’instrument de son expansion commerciale. Aujourd’hui, la société capitaliste en déclin essaie de presser le peuple juif par tous ses pores : dix-sept millions d’individus sur les deux milliards qui habitent la terre, c’est-à-dire moins de 1% ne peuvent plus trouver de place sur notre planète ! »

Trotsky dans le Manifeste pour la conférence d’alarme de la quatrième internationale

En février 1934, il déclarait déjà dans une interview pour Class Struggle :

« L’Etat fasciste allemand tout comme le conflit judéo-arabe confirment avec évidence le principe que la question juive ne peut être résolue dans le cadre du système capitaliste. J’ignore si la population juive sera reconstituée en tant que nation. En tout cas, il ne fait aucun doute que les conditions matérielles nécessaires à l’existence des juifs en tant que nation indépendante ne pourraient être offertes que par la révolution prolétarienne. L’idée qu’une nation peut prétendre plus qu’une autre au droit à un pays nous est complètement étrangère.

On ne peut concevoir cette installation de base territoriale pour les juifs en Palestine ou dans tout autre pays qui ne s’accompagne de migrations d’importantes masses humaines. Seul le socialisme victorieux peut se charger de pareille tâche. On peut prévoir que cela se produira soit sur la base d’une compréhension mutuelle, soit avec l’aide d’une sorte de tribunal prolétarien international qui pourrait prendre en main cette question et la résoudre.

La voie sans issue où se trouve engagée la population juive en Allemagne, est, tout comme le sionisme, indissolublement liée à la voie sans issue du capitalisme mondial dans son ensemble. Les travailleurs juifs ne seront préservés du pessimisme et du désespoir que lorsqu’ils auront une vision claire de cette interrelation. »

Trotsky ne risquait pas de croire, comme tous les démocrates, que la montée de l’antisémitisme était due à l’opinion publique, lui qui cassait cette fausse idée de « l’opinion raciste » déjà en novembre 1913. voir ici

Trotsky avait été un des rares à saluer la première réaction des Juifs contre les nazis même si celle-ci s’était faite par la voie du terrorisme que Trotsky désapprouvait d’une manière générale : voir ici

Quand Staline et Hitler se sont partagé la Pologne, Trotsky ne diffusait aucune illusion sur la différence entre la domination stalinienne et la domination nazie : voir son texte sur les étoiles jumelles dans lequel il traité Staline et Hitler de jumeaux. Cela en dit long puisque, dès le 19 septembre 1939, Heydrich, adjoint de Himmler, avait annoncé la décision de “nettoyer les Juifs, l’intelligentsia, le clergé et la noblesse” en Pologne. Le 9 octobre, 550 000 Juifs étaient déportés à l’Est de la Vistule. Le 9 novembre, étudiants et enseignants de l’Université de Cracovie étaient envoyés au camp de Sachsenhausen.

Quant à l’antisémitisme de Staline, Trotsky ne laissait aucun doute, écrivant même dans son ouvrage « Staline » :

« Mentionnant la prédominance des juifs dans la fraction menchéviste au congrès de Londres en 1907, Koba écrivit : « A ce sujet, un des bolchéviks remarqua en plaisantant (je crois que c’était le camarade Alexinsky) que les menchéviks étaient une fraction juive, tandis que les bolchéviks étaient une fraction vraie-russe et que nous, bolchéviks, nous aurions peut-être à faire un pogrome dans le parti » Il est impossible de ne pas s’étonner, même aujourd’hui, que dans un article destiné aux ouvriers du Caucase, où l’atmosphère était empoisonnée de différences nationales, Staline ait jugé possible de citer une plaisanterie d’un goût aussi douteux. » voir ici

Les dirigeants sionistes eux-mêmes n’ont jamais voulu au cours de la guerre mondiale mettre en avant le génocide des Juifs.

Le dirigeant juif slovaque Rabi Weissmandel écrivait ainsi aux dirigeants sionistes en juillet 1944 :

« Pourquoi n’avez-vous rien fait jusqu’à présent ? Qui est coupable de cette négligence effroyable ? N’êtes-vous pas coupables, vous nos frères juifs, vous qui avez la plus grande richesse du monde : la liberté ? (…) Voici le programme d’Auschwitz d’aujourd’hui jusqu’à la fin : 12000 juifs - hommes, femmes, enfants, vieillards, nourrissons, malades ou en bonne santé – doivent être gazés chaque jour. Et vous, nos frères de Palestine, de tous les pays de liberté et vous ministres de tous les royaumes, comment pouvez-vous rester silencieux face à cet immense meurtre ? » cité dans Schoemman « réflexions sur le sionisme par un juif dissident »

Extraits de « La destruction des Juifs d’Europe » de Raoul Hilberg :

« Tout au long de la seconde guerre mondiale, le peuple juif fit sienne la cause des Alliés. Il chassa de son esprit bien des arrière-pensées sur le désastre qu’il avait subi et contribua à la victoire finale. Les puissances alliées, toutefois, ne pensaient pas aux Juifs. Les pays alliés en guerre avec l’Allemagne ne vinrent pas au secours des victimes de l’Allemagne. (…) Aux Etats-Unis, les principales organisations juives s’étaient regroupées en 1943 pour former l’American Jewish Conference qui devint bientôt le forum où purent s’exprimer bien des voix désillusionnées (…) : « Ne comptons pas sur les autres pour défendre nos intérêts. » (…) En 1945, les organisations juives et les personnalités publiques s’efforçaient d’être représentatives des sociétés auxquelles elles appartenaient. (…) La réserve qu’observait la communauté juive (…) fut remplacée, au moins chez les Juifs du monde occidental, par des actes de militantisme en faveur d’Israël. (…) Israël est l’intense consolation du judaïsme. C’est une vaste opération de « neutralisation » réussie, l’une des plus grandes de l’Histoire. Alors même qu’on massacrait les Juifs d’Europe, les délégués à la première session de la Conférence juive américaine tournèrent leurs pensées vers le futur Etat. (…) Le docteur Israël Goldstein, du bloc des sionistes généraux, pendant le symposium sur le sauvetage des Juifs : « Pour tous nos fleuves de larmes et océans de sang, pour nos vies détruites et nos foyers dévastés, (…) nous serons consolés lorsqu’en eretz Israël rétabli en tant qu’Etat juif, terre nos ancêtres (…) le soleil de la liberté se lèvera. » (…)

Dans l’effort des puissances alliées pour sortir vainqueurs du conflit, (…) le désir de sauver une partie des victimes n’entrait pas en ligne de compte. (…) Pendant la guerre, le sauvetage des Juifs en train de mourir allait à l’encontre de la doctrine « la victoire d’abord ». (…) L’occultation du processus de destruction allemand est illustré par des périodes de silence total, notamment à partir de 1941 et tout au long de 1942 (…) le 1er novembre 1943, la déclaration de Moscou (…) qui portait la lourde empreinte de Churchill ainsi que les signatures de Roosevelt et de Staline, réussit à omettre toute référence au désastre juif. (…) En 1944, les autorités militaires britanniques stationnées en Belgique internèrent quelque 2000 Juifs en tant qu’ »étrangers ennemis ». Lorsque Sydney Silverman, membre du Parlement anglais, intervint avec Lord Halifax, on lui dit que cette mesure était dictée par les « nécessités militaires ». En Union Soviétique, des Juifs en vue qu’on s’apprêtait à éliminer au cours de purges durent s’attendre tout naturellement à être accusés d’ »espionnage pour le compte des Allemands ». Quelques 15.000 « Juifs du travail » hongrois pris par l’Armée rouge sur le front oriental ne rentrèrent pas chez eux. Ils restèrent en captivité au titre de « prisonniers de guerre ». (…)

Nous avons souligné à maintes reprises que les Juifs ne s’attendaient pas à la « Solution finale ». Lorsqu’ils se rendirent à l’évidence, le désastre s’abattait sur eux. A l’été 1942, toutefois, le volume des déportations et des exécutions avait de loin dépassé les limites à l’intérieur desquelles une telle opération pouvait être cachée au monde extérieur. Les allusions, les rumeurs et les rapports commençaient à s’accumuler dans les organismes qui collectaient les informations ne des points dispersés. (…) les Juifs n’avaient créé aucun service central de renseignement. Ils recevaient passivement les données et n’utilisaient pas ces documents pour y trouver l’indication de ce qui se passait sur une échelle plus étendue. (…)

Voici quelques rapports significatifs qui parvinrent à la presse, aux organisations juives et aux gouvernements alliés, en même temps que les réactions qu’ils suscitèrent. (…) Pendant l’été 1941, et de façon plus intermittente par la suite, le Code an Cypher School (chiffrage et décodage) du gouvernement britannique intercepta les rapports TST de la Police d’ordre concernant les fusillades dans les territoires occupés d’Union soviétique. Parmi ces rapports, où il est souvent question de Juifs, figurait notamment ce qui suit :

Un rapport d’une brigade de cavalerie SS du 17 août 1941 relatif à 7819 « exécutions » dans la région de Minsk.

Un rapport sommaire de von den Bach, daté du même jour, mentionnant une fusillade ayant fait 30.000 victimes …

Un rapport du 12 septembre 1941 émanant du régiment de police Sud sur une fusillade ayant tué 1255 Juifs à Ovruch. (…)

Le 1er mars 1942, le docteur Henry Shoskes, un dirigeant juif qui avait quitté Varsovie au début de l’occupation allemande, donna les chiffres détaillés des décès des ghettos polonais. La moyenne mensuelle s’élevait, déclarait-il, à 10.000.

Depuis Lisbonne, l’Office of Strategic Services reçut un rapport daté du 20 juin 1942 qui commençait par ces mots : « L’Allemagne ne persécute plus les Juifs. Elle les anéantit systématiquement. » L’information émanait d’un officier britannique qui s’était évadé de captivité en se cachant dans le ghetto de Varsovie au début de juin. (…)

Le 5 octobre 1942, l’agence de presse juive, l’Agence télégraphique juive, faisait savoir qu’on déportait systématiquement les Juifs de Lodz qui, précisait-elle « sont empoisonnés au gaz ». Le numéro de novembre de Jewish Frontier, publié à New York, comportait une description exceptionnellement détaillée du traitement infligé aux Juifs à Chelmno avec des informations sur les camions à gaz. (…)

Le 25 novembre, le New York Times publiait un article fondé sur une information émanant du gouvernement polonais en exil, qui mentionnait les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka. Cet article était accompagné d’un autre article avec des détails sur des constructions en béton, situées sur l’ancienne frontière russe, qu’on utilisait comme chambres à gaz, et sur des crématoriums à Auschwitz. La même page donnait aussi le nombre de victimes juives : deux millions. (…) Aux Etats-Unis, la direction juive se borna à mobiliser le soutien de sa propre communauté (…) le point culminant de toute cette activité devait être une rencontre avec Roosevelt et, au bout d’un mois d’activités de couloir, le 8 décembre 1942, un groupe de cinq délégués était reçu à la Maison Blanche. (…)

Roosevelt se montra « cordial » et assura aux délégués que leurs mémorandums seraient « pleinement considérés ». (…) Après ce bel effort, on en resta là. (…) Le 6 janvier 1943, Henry Monsky, président du B’nai Brith, convoqua une réunion préliminaire de l’American Jewish Conference. Dans sa lettre de convocation, qui fut envoyée à trente-quatre organisations juives, il écrivait : « Le monde juif américain, à qui il sera demandé dans une large mesure d’assumer la responsabilité de représenter les intérêts de notre peuple à la Conférence de paix de la victoire, doit être prêt à exprimer l’opinion des Juifs américains en même temps que celle des autres communautés juives des pays libres en ce qui concerne le statut d’après-guerre des Juifs et la construction d’une Palestine juive. » Dans cette lettre, (…) la destruction des Juifs d’Europe n’est même pas mentionnée. (…) On laissait se perpétrer l’Holocauste. La paralysie était totale. Le 21 janvier, le sous-secrétaire d’Etat Welles recevait le câble 482 de sa légation de Berne. Il contenait un message de Riegner qui rapportait qu’on tuait les Juifs en Pologne au rythme de 6000 par jour et qu’on faisait mourir de faim les Juifs d’Allemagne et de Roumanie. (…)

Les organisations juives semblaient à présent se décider à agir. Un grand rassemblement se tint à Madison Square Garden, les organismes d’entraide redoublèrent d’efforts, une avalanche de plans de sauvetage se déversa sur les bureaux de Washington. Toute cette agitation juive inquiéta, semble-t-il, le département d’Etat. Il décréta qu’il fallait « explorer » la question. Certains de ses experts politiques décidèrent de tarir le flot d’informations (…). Un télégramme (portant le numéro 354) signé du sous-secrétaire d’Etat Welles fut envoyé à Harrison à Berne : « Nous suggérons qu’à l’avenir vous n’acceptiez plus les rapports qui vous sont soumis afin d’être transmis à des personnes privées aux Etats-Unis, à moins qu’une telle action ne soit justifiée par des circonstances extraordinaires. De tels messages privés tournent les règles de censure des pays neutres et il nous semble qu’en les envoyant le risque existe peut-être de voir les pays neutres prendre des mesures pour réduire ou supprimer nos moyens de transmission pour des communications officielles et confidentielles. » Le télégramme portait les initiales des quatre responsables du service des Affaires étrangères. (…)

Le 27 mars à midi, Stephen Wise, de l’American Jewish Congress, et le juge Joseph Proskauer, de l’American Jewish Committee, rencontraient Eden à l’ambassade de Grande-Bretagne. Reprenant la vieille tactique juive, ils suggéraient que les Alliés « émettent une déclaration publique à l’intention de Hitler lui demandant d’autoriser les Juifs à quitter l’Europe occupée. » Eden répondit que cette idée était « fantastiquement impossible ». Les représentants juifs demandèrent alors l’aide de l’Angleterre pour faire sortir les Juifs de Bulgarie : « La Turquie ne veut plus recevoir vos gens » répondit Eden à leur plaidoyer. (…) Sur ce Wise et Proskauer se rendirent au département d’Etat pour s’entretenir avec Welles. (…) Eden répondit que l’ensemble du problème des Juifs d’Europe est très difficile et que la proposition de faire sortir tous les Juifs de la Bulgarie doit être considérée avec la plus grande prudence. Si nous le faisons, les Juifs du monde entier vont nous demander de faire des offres similaires pour la Pologne et l’Allemagne. Hitler pourrait très bien nous prendre au mot et il n’y a tout simplement pas assez de bateaux et de moyens de transport dans le monde pour les déplacer. (…) Eden déclara qu’il espérait que du côté américain il n’y aurait pas de promesses trop extravagantes qui ne pourraient pas être tenues, faute de bateaux. (compte-rendu du secrétaire d’Etat américain Hull) (…)

Le gouvernement britannique, par l’entremise de la légation suisse de Berlin, proposa de laisser entrer en Palestine 5000 enfants juifs en provenance du Gouvernement général et des territoires de l’Est occupés. Le ministère allemand des affaires étrangères accepta de remettre les enfants à la Grande-Bretagne en échange de prisonniers allemands. Les Britanniques refusèrent de libérer des Allemands en arguant que les enfants en question n’étaient pas des ressortissants de l’Empire Britannique. L’affaire en resta là.

Le second projet de sauvetage prit forme lorsque le sous-secrétaire d’Etat Welles envoya un télégramme à berne pour demander un supplément d’information sur la destruction des Juifs d’Europe. En réponse il reçut ce qui semble être le plan d’Antonescu qui était prêt à libérer quelques 60.000 Juifs moyennant finances. (…) Huit mois plus tard, le département d’Etat autorisait officiellement les organisations juives à effectuer des dépôts d’argent au cradit des responsables de l’Axe, dans des comptes bloqués en Suisse. (…) Une note remise à l’ambassade des Etats-Unis par le ministre britannique de la guerre économique s’inquiétait « des difficultés d’écouler un nombre de Juifs considérable » au cas où ils quitteraient l’Europe de l’Axe. L’effort de sauvetage tombait à l’eau. (…)

Du 29 août au 2 septembre 1943, la première session de l’American Jewish Conference qui avait été convoquée sept mois plus tôt se réunissait pour délibérer. La destruction des Juifs d’Europe ne figurait toujours pas à son ordre du jour. Lors de la réunion préliminaire, seuls deux points importants avaient été retenus : « Droits et statuts des Juifs dans le monde de l’après-guerre » et « Droits du peuple juif concernant la Palestine ». (…) A une occasion, le vice-président général de l’American Jewish Committe, Morris Waldman, dans une lettre au président du comité Proskauer, avait carrément écrit : « Rien n’arrêtera les nazis sauf leur destruction. Les Juifs d’Europe sont condamnés quoi que nous fassions. » (…)

Le secrétaire d’Etat Hull écrivait à Proskauer : « Comme vous l’indiquiez, il existe une différence de point de vue considérable parmi les Juifs quant à la politique qui doit être poursuivie pour sauver et aider ce malheureux peuple et aucune initative ne serait du goût de toutes les personnes intéressées par ce problème. » (…)

Le gouvernement américain disposait à présent d’une grande quantité d’informations. On avait obtenu des rapports décrivant Varsovie, Rawa-Ruska, Maïdanek et Treblinka. Mais le document le plus remarquable concernait Auschwitz. (…) « L’histoire, expliquait le rapport chiffré et détaillé, ne connaît pas d’équivalent d’une pareille destruction de la vie humaine. » (…) Au moment précis où l’OSS épluchait la description la plus détaillée d’Auschwitz qu’elle eût jamais eue entre les mains, deux jeunes Juifs slovaques, Rudolf Vrba et Alfred Wetzler s’évadaient du camp et témoignaient longuement de ce qu’ils avaient vu devant le Conseil juifs de Slovaquie de Zilina. Ces matériaux, après avoir été traduits en slovaque et dans d’autres langues, furent envoyés en Hongrie, en Palestine et en Suisse. (…) Le 4 août 1944, un avion de reconnaissance allié apparut dans le ciel d’Auschwitz. (…)

Ce vol était le premier d’une série de missions photographiques des services secrets lancée dans le but bien précis d’obtenir des renseignements sur les « Activités de IG-Farbenindustrie/Entreprises de fabrications d’huile et de caoutchouc synthétiques (…) Le bombardement d’Auschwitz III, avec des bombes d’une demi-tonne, commença en août et se poursuivit à trois reprises en septembre et décembre. (…) Les quatre raids d’Auschwitz visaient tous une raffinerie d’huile et une usine de caoutchouc (et ne visaient pas à) interrompre les opérations de mise à mort. (…) Plusieurs groupes de Juifs de Bratislava et de Budapest demandèrent le bombardement des chambres à gaz d’Auschwitz et des voies ferrées conduisant au camp de la mort. Les messages, transmis par Jerusalem et par la Suisse, parvinrent aux gouvernements britannique et américain pendant la seconde moitié de juin. En Grande-Bretagne, ce furent Chaim Weizmann (…) et Moshe Shertok (…) qui suggérèrent de bombarder Auschwitz lors d’une réunion qui se tint le 30 juin avec le sous-chef de cabinet des Affaires étrangères G.H.Hall. Ils exposèrent leur point de vue sans insister outre mesure. (…) Une note explicative juive, du 11 juillet, précisait que le bombardement des installations de mort « ne parviendrait probablement pas à sauver les victimes en quantité appréciable », mais qu’il constituerait un avertissement pour les Allemands. (…)

Finalement, le 1er septembre 1944, Richard Law, ministre d’Etat au Foreign Office, envoyait une réponse officielle à Weizmann. (…) En raison des « très grandes difficultés techniques » présentées par l’opération, le Foreign Office n’avait « d’autre choix que de s’abstenir de mettre à exécution la proposition dans les circonstances présentes. » Law déclara qu’il se rendait compte que cette décision allait constituer une « déception » pour Weizmann mais, ajoutait-il, « vous pouvez être pleinement assuré que cette affaire a été pleinement examinée. » (…) Un demi-million de Juifs furent tués à Auschwitz entre mai et novembre 1944. (…)

En avril 1944, (…) Eichmann convoqua dans son bureau de l’Hotel Majestic de Budapest un dirigeant du comité juif de sauvetage en Hongir, Joel Brand (…) : « Vous voulez un million de Juifs ? (…) Un camion pour chaque centaine de Juifs. » (…) Le 7 juin 1944, Brand arrivait à Alep (avec la somme d’argent requise). (…) Brand (arrêté par les Anglais) fut conduit au Caire pour y être minutieusement interrogé par les services secrets anglais. Désormais, il était prisonnier. (…) Il n’y aurait pas de négociation, de la même façon qu’il n’y aurait pas de bombardement. (…)

De 1945 à 1948, 250.000 Juifs étaient devenus des personnes déplacées. C’était l’Allemagne qui avait créé ces Juifs déplacés, mais le monde entier se chargea de prolonger leur déplacement pendant des années encore. »

Au cours de la guerre, la vague de révolte et de révolutions menées par les Juifs est restée inconnue et n’a été diffusée publiquement ni par les sionistes ni par les forces alliées.

Sur les révoltes et révolutions des Juifs contre les nazis, lire ici

Jamais ces révoltes n’ont été soutenues par les Alliés, ni rapportées au grand public par les gouvernants alliés, ni par les organisations sionistes des autres pays. Aucune des révoltes de l’Est n’a jamais reçu d’appui et les Alliés se sont même gardés ensuite de valoriser, de populariser, ces actes de bravoure qui rompaient avec la soumission. Ils les ont même cachées le plus qu’ils pouvaient. Ils préféraient présenter le peuple juif comme fataliste et faire croire qu’il s’était laissé faire sans bouger. En fait, nulle part les classes dirigeantes n’ont jamais eu la moindre sympathie pour les peuples révoltés, y compris s’il s’agit de peuples livrés à une mort certaine comme l’étaient les Juifs. Et les membres juifs ainsi que les organisations juives des classes dirigeantes, dans les pays sous la botte nazie ou dans les pays « alliés » n’avaient pas plus de sympathie pour une lutte pouvant avoir des conséquences révolutionnaires. Toutes les classes dirigeantes le savent, les intérêts de classe, c’est bien plus important que les soi-disant solidarités ethniques, nationales ou religieuses.

Les troupes russes, comme alliées, ont laissé les nazis écraser la révolte de Varsovie avant de prendre la ville. Bilan : la destruction des neuf dixièmes de la capitale avec 200.000 varsoviens morts et cinq cent mille autres emmenés en captivité ou déportés. Bor Kornorowski écrit : « Le 1er août à 17 heures, une grêle de balles s’abattit à partir de certaines fenêtres, sur les Allemands circulant dans les rues. » Henri Michel rapporte : « Commencée dans l’espérance et l’enthousiasme de toute la population, l’insurrection va pourtant s’achever le 3 octobre par la capitulation sans condition des insurgés, après soixante-trois jours de combats acharnés, dans les rues, aux étages des immeubles, des deux côtés de l’autel de la cathédrale, dans les cimetières et dans les égouts (…) Les civils ont élevé des barricades, creusé des tranchées, fabriqué des munitions, réparé des armes, déminé les rues (…) Les Britanniques et les Américains ne veulent rien entreprendre qui puisse déplaire à leur allié soviétique (…) surtout parce que le maintien de l’ »étrange alliance » provoquée par Hitler est absolument indispensable pour assurer au monde une paix durable, une fois la guerre finie. (…)

Staline se défie des communistes polonais demeurés en Pologne, suspects de trotskisme et de nationalisme. Il n’accorde sa confiance qu’à ceux qu’il appris en main à Moscou et qui attendent leur heure à Lublin pour venir installer à Varsovie un régime très proche de celui de l’URSS. » écrit-il dans Le Monde du 5 août 1984. L’offensive militaire russe a été sciemment retardée pour laisser les Allemands écraser Varsovie. Pourquoi ? La résistance leur était pourtant a priori favorable au camp russo-américain, mais aucun des « alliés démocratiques » ne va juger que la révolte d’un peuple est sans danger dans cette fin de guerre mondiale. Y compris la révolte du peuple juif. C’est pour cette raison que personne, au sein des classes dirigeantes, y compris de leur fraction d’origine juive, n’a voulu soulever cette question du massacre des Juifs. Car la soulever c’était, qu’on le veuille ou pas, appeler les peuples à la révolution et risquer de refaire en plus grand la révolution de 1917.

Jean-François Steiner écrit ainsi dans « Treblinka, la révolte d’un camp d’extermination » :

« Un des grands dirigeants de la grande insurrection de Varsovie constate cette solitude dans un message prophétique : « Le monde se tait (…) Le représentant de dieu au Vatican se tait ; on se tait à Londres et à Washington ; les Juifs en Amérique se taisent. Ce silence est étonnant et épouvantable. »

Il est faux que le soutien allié au sionisme ait eu pour but de sauver les rescapés de la Shoah !

Les alliés ne prévoyaient aucune perspective pour les rescapés des camps, les “personnes déplacées”. Le 10 juillet 1947, un navire le “Président-Warfield” rebaptisé pour la circonstance “Exodus” chargé de vieillards, de femmes, d’enfants, de blessés, d’invalides et de combattants de tous les fronts, est affrété clandestinement dans le port de Sète par la Haganah en dépit du blocus. Ils sont 4.554 émigrants à monter à bord dont l’équipage est en majorité composé de juif américains. En haute mer vers la Palestine, les hommes du Palmach hisseront le drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David, narguant la Royal Navy, qui lors d’un arraisonnement fera trois morts et des dizaines de blessés. Les autres passagers sont brutalement débarqués dans le port de Haïfa, puis transférés sur d’autre bateaux-cages. L’Angleterre perdra la face en renvoyant les réfugiés vers la France d’où ils étaient partis et Léon Blum refusa un débarquement honteux car forcé, obligeant la marine britannique à ramener les passagers jusqu’à Hambourg en zone anglaise.

Aucune des grandes puissances n’acceptera de recevoir cette misérable cargaison, soit par manque de « civilité », soit pour ne pas froisser le mandat anglais confié par l’ONU. La Haganah remporte ici un succès moral dans l’opinion mondiale, mais en prenant les passagers en otages, car l’opération était vouée à l’échec, ce qui était recherché stratégiquement par les responsables de cette aventure magnifiquement relayée par les médias et Hollywood. L’issue inéluctable de cette tragédie ne fait aucun doute chez les Arabes : ils sont prêts à accueillir des réfugiés, non des nouveaux colons. La décision de rapatriement par un coup de force vers le foyer sioniste en Palestine ne doit pas faire oublier que la plupart des rescapés des camps en général, autres que les volontaires pour l’Exodus, étaient plus favorables à leur émigration en Amérique plutôt qu’en Palestine.

4- L’Ancien Testament, légitimation du sionisme ?

Tout d’abord, il faut se souvenir que le fait que le sionisme appelle le massacre perpétré par les nazis par le terme d’holocauste a une signification religieuse étonnante : celle qui prétend que "dieu l’a voulu".

En effet, l’holocauste est le sacrifice demandé par dieu à Abraham de lui abandonner la vie de son garçon ainé !

« Un jour frais d’automne, Dieu mit Abraham à l’épreuve et lui dit : "Abraham" ; il répondit : "Me voici". l’épreuve. Il lui dit :

Abraham, prends ton fils , Il re prit : "Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l’offriras en de Moriyya et, là, tu l’offriras en holocauste sur holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerai." celle des montagnes que je t’indiquerai.

Abraham se leva de bon m atin, sangla son âne, prit avec Abraham était consterné :

Comment Dieu, avec lui deux de ses jeunes gens et son fils Isaac. Il fendit les qu i je me suis montré d’une fidélité exemplaire , b û ches pour l’holocauste. Il partit pour le lieu que Dieu peut-il m’adresser une telle demande ?

La gorge nouée, les mains moites, il sangla son âne et appela deux de ses serviteurs. Puis il entra dans la chambre d’Isaac, occupé, comme à son habitude, à observer les fleurs qu’il avait cueillies le matin même. Le voyant si tendrement affairé, Abraham sentit les larmes monter à ses yeux . Soudain, une pulsion de révolte le saisit. Mais , dans sa grande sagesse, il fit appel à toutes se s forces et réussit à se contenir.

Mon fils, nous devons aller offrir un sacrifice à Moriyya.
- Pourquoi, père ?
- Car c’ est ce que le Seigneur m’a ordonné. Ne pose pas de quest ion, je t’en prie, et prépare-toi ! »

Le sacrifice a dieu du fils aîné, pour symbolique qu’il soit, n’a rien de merveilleux. En faire l’explication des souffrances subies par le peuple juif, comme c’est le cas dans l’Ancien Testament dans lequel dieu punit prétendument le peuple juif pour n’avoir pas tenu sa promesse est encore moins sympathique. S’en servir pour expliquer le génocide des nazis est particulièrement hideux !

C’est donc une explication qui couvre complètement les assassins puisqu’ils ne sont que les instruments de... dieu.

Pour le reste, les sionistes en restent à l’explication selon laquelle le génocide serait la suite des pogromes ce qui est complètement faux...

Quant à la justification prétendue de l’occupation palestinienne par la Bible, Pierre Stambul écrit :

« Pour les sionistes, les Juifs ont des droits imprescriptibles sur « la terre de leurs ancêtres ». Ils en ont été chassés il y a deux mille ans, ils ont connu « l’exil », et grâce au sionisme, ils ont fait leur « montée » (Alya) vers Israël et ont pu reconstituer enfin le royaume unifié de David et Salomon. Pour les sionistes même non-croyants, la prière « l’an prochain à Jérusalem » justifie la nécessité d’un Etat Juif en Palestine. Les sionistes sont allés chercher dans la Bible tous les épisodes pouvant justifier les conquêtes et le nettoyage ethnique aujourd’hui à l’œuvre. Pour les sionistes, la « centralité » d’Israël n’est pas discutable et la Diaspora (dispersion) n’est qu’une malencontreuse parenthèse. Tout a été fait pour en effacer la trace. Les langues de la Diaspora (judéo-arabe, ladino, yiddish) ont disparu au profit d’une « résurrection » de l’Hébreu. Les valeurs et la culture des diasporas ont été gommées au profit d’un « homo judaicus » nouveau, militariste, chauvin et « défrichant sa terre » pour « transformer le désert en jardin ». Pour les sionistes, la Diaspora a été une suite ininterrompue de persécutions et de catastrophes à l’image du livre d’André Schwartz-Bart (« le Dernier des Justes ») qui commence au Moyen-Âge avec le pogrom d’York et se termine à Auschwitz. Pour les sionistes, l’antisémitisme est inéluctable, il est omniprésent et il est inutile d’essayer de le combattre. Autrement dit, les Juifs ne peuvent vivre qu’entre eux et ne peuvent compter que sur eux-mêmes, d’où le projet fou (et criminel) de faire venir tous les Juifs du monde entier en Israël. Donc pour les sionistes, la fin justifie les moyens et cela explique leur stratégie permanente : le fait accompli et la fuite en avant. Les sionistes ont mythifié l’épisode de Massada où des Zélotes révoltés contre l’empire romain ont préféré le suicide collectif à la soumission. Le complexe de Massada repose sur la peur permanente de l’anéantissement. Les Israéliens ont peur. Pour eux, tout recul signifie « les Juifs à la mer ». Ils ont peur de ne plus avoir peur, ce qui les obligerait à réfléchir sur le sens et l’avenir du projet colonial qu’ils ont mis en place depuis plus d’un siècle. De façon symbolique, à la sortie du musée de Yad Vashem à Jérusalem consacré au génocide Nazi, il y a un monument célébrant la fondation d’Israël. Le tour est joué : Israël serait LA réponse à l’antisémitisme et son issue naturelle. Dans cette optique, il est logique que les sionistes n’aient jamais vraiment admis l’existence du peuple Palestinien. Pour un des premiers sionistes, Israël Zangwill, il fallait trouver une « terre sans peuple pour un peuple sans terre » et les sionistes ont décidé que ce serait la Palestine. Ce sont des Israéliens principalement qui ont fait le travail de démystification du sionisme. Commençons par l’archéologie. Elle infirme totalement la lecture littérale de la Bible sur laquelle même des athées comme Ben Gourion s’étaient appuyés. Elle montre que dans l’Antiquité (la Bible l’évoque aussi), la Palestine a toujours été habitée par des peuples distincts : Hébreux bien sûr mais aussi Iduméens, Moabites, Philistins, Cananéens ... Les Hébreux sont un peuple autochtone et les épisodes de l’arrivée de Mésopotamie (Abraham) ou de l’exil en Egypte (Moïse) sont légendaires. On ne trouve aucune trace de la conquête sanglante de Canaan par Josué et même le royaume unifié de David et Salomon n’a sans doute pas existé comme le dit le récit biblique : à l’époque, Jérusalem n’était qu’un village. Donc la reconstitution d’une patrie ancienne antérieure à l’exil est largement fantasmée : les royaumes d’Israël et de Juda ont probablement toujours été des entités distinctes. Les mots d’ordre régulièrement répétés par les colons religieux du Gush Emonim (le Bloc de la foi) affirmant que Dieu a donné la Judée-Samarie au peuple Juif ne reposent sur rien et ils sont d’ailleurs totalement réfutés par d’autres courants religieux. Y a-t-il eu exil ? Si l’on en croit plusieurs historiens dont Shlomo Sand qui le dit clairement, au moment de la destruction du 2e temple par les troupes de Titus (70 ap JC), seule une minorité d’habitants est partie, en particulier les rabbins. À cette époque, la dispersion a déjà commencé et il y a déjà des Juifs à Babylone, à Alexandrie ou en Afrique du Nord. Les Palestiniens d’aujourd’hui qui sont un peuple autochtone seraient donc essentiellement les descendants de ceux qui sont restés (dont beaucoup de Juifs romanisés). Alors d’où viennent les Juifs ? Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, la religion juive est prosélyte. C’est la religion qui s’est dispersée, pas les hommes. Des Berbères, des Espagnols, des Grecs, des Romains, des Germains se convertissent au judaïsme. Plus tard, des Khazars, peuple d’origine turque entre Caspienne et Mer Noire feront de même. La religion juive cesse d’être prosélyte dans l’empire romain quand l’empereur Constantin impose le christianisme comme religion officielle. Shlomo Sand remet en cause l’existence d’un peuple Juif. Qu’y a-t-il de commun entre des Juifs Yéménites, des Juifs Espagnols et ceux du Yiddishland ? Il y a une religion et un livre, mais parler de peuple exilé, ça ne correspond pas à la réalité. Les sionistes ont surfé sur la persécution des Juifs Européens pour inventer cette notion de peuple exilé faisant son retour. La diaspora n’est pas une parenthèse de l’histoire du judaïsme. C’est son centre. C’est dans la diaspora que l’essentiel des rites et des croyances se sont établis. Les références à Jérusalem, au mur des Lamentations et aux scènes racontées dans la Bible sont symboliques. Elles n’ont jamais signifié une « aspiration » à recréer un Etat Juif en « Terre promise ». Elles ont un peu la même signification que la prière des Musulmans en direction de La Mecque. La notion de « peuple élu » n’a jamais conféré aux Juifs des droits supérieurs à ceux des autres (les « goys », les « gentils »). Elle exprime juste une relation particulière avec Dieu. »

Le journaliste et auteur israélien Uri Avnery écrit : "Contrairement au texte biblique, il n’y a pas de preuve historique que l’empire de David et de Salomon ait jamais existé. Jérusalem n’était alors qu’un petit village, et la Judée une entité sans la moindre importance. La religion juive telle que nous la connaissons n’est apparue que pendant l’exil à Babylone [587 à 539 avant J.C.] et depuis cette époque, les deux tiers de ceux que l’on appelle depuis lors les Juifs vivent à l’extérieur de la Palestine." Si Jérusalem était un petit village et si la religion juive n’était pas encore établie, que penser de l’existence du "Temple de Salomon", ce "premier" temple que Nabuchodonosor aurait détruit en 587 ? Le "second" temple, érigé par les Juifs rentrés de captivité, était en fait probablement... le premier. Il fut restauré et agrandi sous Hérode le Grand vers 20 avant J.C., puis détruit en 70 après J.C. par les Romains, qui n’en laissèrent subsister que le mur occidental (Mur des Lamentations). Aujourd’hui, les extrémistes israéliens veulent raser les mosquées (El-Aqsa, Dôme du Rocher) construites au 7ème siècle sur l’ancien "Mont du Temple", afin d’y établir ce qu’ils appellent le "troisième" temple juif.

La Voix des Opprimés rappelle :

Dans son livre La Bible dévoilée (2002), l’archéologue Israël Finkelstein a démontré - s’il en était besoin - que les épisodes relatés dans les "textes saints" sont dénués de tout fondement historique : il n’y a eu ni Exode en Egypte, ni trompettes de Jéricho, ni unification, sous David et Salomon, des royaumes rivaux d’Israël (au nord) et de Judée (au sud).

Et comme le fait remarquer l’historien danois Niels Peter Lemche à propos du mythe de Moïse, "la Bible a autant de rapport avec l’histoire de l’Antiquité que le roman Ivanhoé de Walter Scott en a avec l’histoire de l’Angleterre médiévale".

Pour ce qui est du patriarche Abraham, même sans trop vouloir se pencher sur le caractère mythique du personnage, on constate qu’il faut une certaine audace pour faire remonter jusqu’à lui l’existence d’une "nation juive", puisqu’on nous dit, en effet, qu’il venait de Chaldée (un pays aujourd’hui appelé l’Irak), et qu’il est à la fois l’ancêtre des Arabes (par Ismaël) et celui des Juifs (par Isaac).

Pour les extrémistes israéliens de 2002, le "fait" que le patriarche chaldéen ait "conclu un pacte avec Dieu" et qu’il soit venu s’installer dans une région qui est aujourd’hui la ville d’Hébron, constitue un indéniable titre de propriété. Les 130.000 Palestiniens arabes qui habitent cette ville des territoires occupés, devraient donc céder la place aux 400 colons juifs déjà présents et à tous ceux qui suivront.

L’Ancien Testament, tout comme le génocide, a servi à tort de justification à l’occupation israélienne de la Palestine.

En effet, ce texte est censé prouver que les Juifs ont été placés par dieu en Palestine de manière très ancienne. Mais il prouve d’abord que les Juifs n’étaient nullement les premiers sur ces lieux qui avaient été occupés avant eux par de nombreux peuples comme les Cananéens, les Araméens, Phéniciens, Iduméens, Moabites, Philistins, Assyriens, Amorites (ou Amorrhéens), Hittites et Hourrites etc... Même la Bible de Jérusalem ne dit pas le contraire. Certes, elle dit que les Juifs étaient le peuple élu par dieu mais elle distingue et oppose entre eux plusieurs groupes de Juifs : ceux de Sham qui sont mal vus, ceux d’Israël encore plus mal vus et que dieu aurait punis (par l’occupation, le massacre et la déportation) pour avoir accepté de vivre en communauté avec les Cananéens et de s’ouvrir aux autres réligions pour commercer avec les peuples voisins.

D’ailleurs, la Bible de Jérusalem n’est pas « le » texte de la religion de tous les Hébreux, c’est seulement le texte des religieux de la région désertique du sud, de Juda, ce qui est beaucoup plus restrictif : cela exclue les Hébreux d’Israël (l’Etat du Nord) et les Hébreux de haute Mésopotamie (pays de Sham) notamment…

L’étonnante religion du dieu unique de Jérusalem lancée par les dirigeants et chefs religieux de Juda. Cette région sud montagneuse et pauvre n’a connu qu’un développement tardif alors que l’Etat du nord, Israël, était depuis longtemps prospère. Ces deux régions ont vécu longtemps séparément, avec des mœurs différentes liées aux différences économiques et sociales. Beaucoup plus riche, Israël était beaucoup plus ouverte sur le monde extérieur avec lequel il commerçait. Les deux régions n’avaient pas le même dieu : Elohim au nord et Yahvé au sud. C’est l’invasion assyrienne qui envahit, occupe le nord et en déporte la population qui a donné sa chance au sud. Ce dernier a affirmé, au travers du texte biblique, que dieu avait choisi le sud du fait des mœurs trop ouvertes du nord et de sa moindre rigueur religieuse. Juda a reçu un apport de populations israélites venues du nord et son développement s’est considérablement accru. D’où l’affirmation, au travers de la Bible, que Juda est le regroupement de tous les Israélites et la revendication d’un dieu unique.

En 597 av. J.-C., l’armée babylonienne défait le Royaume de Juda, l’occupe et déporte en exil à Babylone la famille royale, l’intelligentsia et les classes supérieures. Dix ans plus tard, les babyloniens ruinent Jérusalem et détruisent son Temple ; s’ensuit alors une seconde déportation qui semble cependant laisser sur place près de 85% de la population, essentiellement rurale. C’est au sein de cette élite déportée et de sa descendance que l’on trouve la plupart des rédacteurs des textes vétérotestamentaires qui vont apporter la réponse du monothéisme au terrible choc et la profonde remise en question de la religion officielle engendrés par cette succession de catastrophes.

Non seulement la défaite n’est pas due à l’abandon par Yahvé, mais c’est au contraire l’occasion de le présenter comme seul et unique Dieu : dans les récits que les intellectuels judéens écrivent alors, la destruction de Jérusalem, loin d’être un signe de faiblesse de Yahvé montre la puissance de celui qui a instrumentalisé les babyloniens pour punir ses rois et son peuple qui n’ont pas respecté ses commandements. Yahvé devient dès lors, au-delà de son peuple, le maître des ennemis de Juda.

5- Faire des Juifs le bouc émissaire idéal face à la révolte palestinienne

Quand le sionisme a commencé à s’implanter en Palestine, il a tout de suite fait le choix de se placer comme force supplétive de l’impérialisme contre les populations arabes locales, populations qui étaient souvent bien plus proches des anciens occupants juifs de ces territoires aux époque antiques puisqu’ils étaient eux-mêmes, selon les spécialistes scientifiques israéliens eux-mêmes, des descendants des Juifs arabisés de force….

On peut lire le récit de l’aide apportée par les organisations sionistes contre la révolution sociale arabe de 1936-38 en Palestine ici

Le peuple palestinien comme les peuples arabes (Egypte, Jordanie, Syrie, Irak, Liban,...) se sont multe fois révoltés contre la domination impérialiste et l’existence de l’Etat d’Israël a servi à détourner cette révolte qui aurait pu sinon se tourner contre les classes dirigeantes locales mais aussi menacer le système mondial.

Par cinq fois le peuple palestinien a lancé de grandes luttes : la révolte de 1935-39, la lutte des fedayins et son relais dans les luttes ouvrières et populaires en Egypte de 1967, les combats de 1970 contre la monarchie jordanienne, la révolution libanaise de 1975-76 et enfin les Intifadas des Territoires occupés. Il s’est heurté non seulement aux Israéliens mais aux Etats arabes eux-mêmes. Les classes dirigeantes arabes ont alors massacré en Jordanie en 1970, au Liban en 1975-82 et au Koweit en 1991, plus de Palestiniens qu’Israël ! Ces régimes ultra réactionnaires ont montré qu’ils craignaient le caractère contagieux et explosif de la lutte des Palestiniens risquant d’entraîner les masses arabes opprimées. C’est aussi ce que craint l’impérialisme. Les Etats-Unis contrôlent à eux seuls 20 % de la production et 50 % des réserves du Moyen Orient. Le gouvernement américain tient à l’équilibre de cette région et connaît parfaitement l’instabilité des régimes arabes. La classe ouvrière égyptienne, concentrée, ayant de nombreuses expériences de lutte, capable de prendre la tête de millions de déshérités regroupés dans la capitale, fait à elle seule frémir les bourgeoisies arabes et l’impérialisme. Le Liban a connu à nouveau des émeutes sociales en 1987, la Jordanie en février 1988, en avril 1989 et en août 1996, la Syrie en 1982, l’Egypte en août 1988 et l’été 1997. Les pays pétroliers sont également touchés par cette instabilité.

La cause palestinienne a plusieurs fois été un facteur déclenchant d’une situation sociale explosive comme en Egypte en 1967 et 1972, en Jordanie en 1970 et au Liban en 1975-76. Selon le Monde diplomatique de décembre 2000, "plusieurs responsables américains et israéliens évoquent les risques d’extension du conflit au Liban et à la Syrie ou d’une déstabilisation des régimes en place, notamment celui de Jordanie." Nadine Picaudou, dans "Les palestiniens, un siècle d’histoire" (éditions Complexe, 1997), rapporte cette mise en garde de Yasser Arafat durant les négociations de l’automne 1989 : "je peux à n’importe quel moment renverser la table. Le monde entier verra alors comment toute la région pourrait exploser." Arafat sait parfaitement à quelle perspective révolutionnaire il tourne le dos et à quelles trahisons il doit son statut auprès des grandes puissances. C’est cette instabilité politique et sociale des pays du Moyen Orient qui a amené l’impérialisme à faire pression sur Israël pour un règlement du conflit palestinien.

Lire sur le combat du peuple palestinien

Israël a servi non pas à sauver le peuple juif mais à le faire servir à enlever une épine du pied de l’impérialisme : détourner la colère des peuples arabes contre un bouc émissaire s’enfermant lui-même dans un Etat-ghetto, se transformant lui-même en peuple isolé, victime des autres, sans cesse en guerre, sans autre espoir que de mettre autour de lui de nouveaux barbelés et de nouveaux miradors...

Les nationalistes arabes (comme israéliens) ont tous prétendu que la question nationale primait dans cette région sur la question sociale. Mais cela n’est pas vrai pour les bourgeoisies. Pour elles, ce qui prime c’est le risque social révolutionnaire des peuples. Et, dans ce cas, elles préfèrent que la situation soit polarisée par le conflit israélo-palestinien...

La politique des travailleurs communistes révolutionnaires a toujours été inverse : unir les opprimés au prolétariat. En voici un exemple :

Bureau exécutif de l’Internationale syndicale rouge

Aux ouvriers arabes de Palestine

20 février 1924

Vous demeurez encore inorganisés, sans récriminer, isolément, chacun de vous subit le joug des profiteurs capitalistes, nationaux et étrangers. Votre pays est devenu, en fait, la colonie de l’impérialisme britannique. La domination de vos exploiteurs indigènes a été aggravée par le joug pesant du capital étranger. Les Cheiks et les Effendis, les impérialistes anglais et les capitalistes sionistes ont conclu une alliance étroite pour l’exploitation des travailleurs arabes. Par leurs efforts conjugués, ils ont transformé la Palestine en un pays de pillage colonial, grâce auquel on extirpe les dernières forces des travailleurs. À mesure que la bourgeoisie se renforce dans le pays ses appétits croissent, l’offensive contre les travailleurs se fait de plus en plus dure, car la politique de brigandage capitaliste ne trouve aucune résistance on Palestine. Vous n’êtes pas organisés et c’est ce qui fait la source de la puissance de vos ennemis de classe et la cause de vos souffrances.

Les conditions de votre travail sont extrêmement pénibles. Les employeurs vous traitent en esclaves, le travailleur arabe n’est qu’une bête de somme aux yeux du capitaliste. Ce n’est pas assez pour les capitalistes de fonder leur bien-être sur le sang et sur la sueur des hommes adultes, ils exploitent impitoyablement la main-d’oeuvre enfantine et féminine, et nulle loi ne protège les femmes et les enfants en Palestine. D’ailleurs, d’une façon générale, ce pays ne possède pas de lois sur la protection du travail.

Le capital trouve devant lui un champ libre pour son exploitation. Les travailleurs arabes ont été précipités par le capital au degré le plus bas du bien-être, l’ouvrier arabe travaille deux fois plus que l’ouvrier juif, et il touche un salaire deux fois moindre.

La raison de cet état de choses, c’est que vous n’avez pas de syndicats professionnels.

L’organisation “Histradrut-Hacollit”, qui existe en Palestine, ne défend pas vos intérêts, vos droits. Ce n’est pas seulement parce qu’elle est constituée exclusivement par des juifs, mais surtout parce que les chefs de cette organisation ont subordonné les intérêts des ouvriers juifs à ceux des sionistes, c’est-à-dire à ceux de la bourgeoisie juive, également étrangers aux ouvriers juifs et arabes.

L’ISR, qui groupe dans ses rangs 15 millions d’ouvriers révolutionnaires de toutes nationalités et de tous pays, qui mène dans le monde une lutte énergique contre la domination capitaliste, qui soutient chaque mouvement révolutionnaire contre l’oppression nationale, vous lance un appel, travailleurs arabes de la Palestine, pour vous inviter à lutter pour votre émancipation.

Dressez-vous pour la défense de vos intérêts ! Mettez un terme à l’exploitation infinie imposée à votre pays ! Luttez pour votre salut, pour celui de vos femmes et de vos enfants qu’il faut arracher aux griffes du capitalisme insatiable ! Sachez qu’une fois organisés, vous aurez en mains l’arme la plus puissante, la plus efficace. Edifiez vos syndicats professionnels, organisations de la lutte ouvrière, auxquelles doivent adhérer tous les ouvriers par profession, quelle que soit leur nationalité.

L’ISR a déjà des partisans dans votre pays, en Palestine. C’est le groupe ouvrier de la Difradrut. Depuis longtemps déjà, ils luttent non pour les intérêts nationaux juifs, mais pour les intérêts ouvriers, pour les intérêts des travailleurs juifs aussi bien qu’arabes.

Prolétaires arabes ! Le groupe ouvrier aspire à une alliance de combat entre vous et les travailleurs révolutionnaires juifs pour que la lutte contre les capitalistes et les colons riches soit faite sur un front unique. Le Capital veut abuser des sentiments nationaux et des préjugés religieux pour diviser les ouvriers, car il lui sera plus facile ainsi de les battre séparément et de les subjuguer. Le salut de la classe ouvrière, c’est l’union de ses forces, une lutte générale et coordonnée de tous les ouvriers contre les capitalistes. C’est en faisant front unique avec les travailleurs juifs que vous pourrez vaincre. Seule, la lutte commune de tous les ouvriers du pays, sans distinction de nationalité et de religion, vous permettra d’obtenir l’égalité des conditions de travail, des salaires égaux, un traitement identique.

Ouvriers arabes ! Vous devez opposer à l’alliance étroite du capital anglo-sioniste avec les Cheiks et les Effendis, l’Union fraternelle des ouvriers révolutionnaires de la Palestine.

Tous au travail !

Tous à l’organisation !

Le Bureau exécutif de l’Internationale syndicale rouge

La création d’Israël dans les conditions où elle s’est faite, l’éviction et la dispersion des Palestiniens dans tout le Moyen-orient a fait de la question palestinienne la question de toute la région. Elle ne peut donc avoir de solution qu’à l’échelle de toute la région. La création d’un Etat palestinien serait de bien peu d’utilité pour les Palestiniens eux-mêmes (sauf à quelques bourgeois, politiciens, flics et militaires) si elle n’est pas accompagnée d’une mise en commun des ressources de tous les pays et tous les Etats du Moyen-orient, Israël compris bien entendu.

Ces Etats-unis du Moyen-orient, on l’imagine aisément, ne peuvent être que socialistes. Ils ne peuvent se construire sans l’entente de tous les opprimés, pauvres et travailleurs, tous ceux qui quels que soient leur lieu de résidence, leur nationalité ou leur religion ont les mêmes intérêts. Ils ne peuvent se construire sans reprendre aux classes possédantes israéliennes ou arabes, mais aussi occidentales, toutes responsables du chaos actuel, les richesses qu’elles ont accaparées dans la région.

Les nationalistes palestiniens ne se donnent pour but que la création d’un Etat. Mais sans révolution sociale dépassant les frontières, bousculant la domination impérialiste, les Palestiniens risquent bien de ne voir changer que la nationalité de leurs gardiens de prison. C’est pour cela que tout en soutenant le droit des Palestiniens à cet Etat, les révolutionnaires sont les adversaires de ces nationalistes comme des sionistes, combattent leur programme et lui opposent le programme communiste. Car le premier n’est en aucune façon une marche menant au second. L’un et l’autre représentent les intérêts des deux classes antagonistes de la société palestinienne comme israélienne, la bourgeoisie et le prolétariat.

« En 1973, une brochure officielle destinée aux militaires israéliens pieux contenait les recommandations suivantes : "’Quand au cours d’une guerre, ou lors d’une poursuite armée ou d’un raid, nos forces se trouvent devant des civils dont on ne peut être sûr qu’ils ne nous nuiront pas, ces civils, selon la Halakhah, peuvent et même doivent être tués [...] En aucun cas l’on ne peut faire confiance à un arabe, même s’il a l’air civilisé [...] En guerre, lorsque nos troupes engagent un assaut final, il leur est permis et ordonné par la Halakhah de tuer même des civils bons, c’est-à-dire les civils qui se présentent comme tels."’ » Dans le même ordre, Jacqueline Rose écrivait : « Aujourd’hui, à titre de politique constante, l’armée israélienne brise les os des Palestiniens.

Au début de la première Intifada, Rabin avait donné cet ordre à l’armée : "’Brisez-leur les os’’. Et les soldats exécutent avec discipline, l’ordre qui leur a été donné : briser, avec la crosse de leurs armes, les bras et les jambes des Palestiniens. » Elle rapporte également que les soldats et les officiers israéliens « exécutent sommairement des enfants palestiniens, et se justifient en proclamant que le souvenir de l’Holocauste les conduit à perpétrer, de manière routinière, ce qui est considéré comme de patents crimes de guerres perpétrés contre des civils ne représentant aucun danger ! »

En septembre 2006, 450 détenus dans les prisons et les maisons d’arrêt israéliennes avaient moins de 18 ans.

Promulgué le 24 septembre 1967, l’ordre militaire 132 décrète que l’enfant palestinien peut, dès l’âge de 12 ans, être poursuivi, arrêté, incarcéré et condamné par une juridiction militaire. Et encourir ainsi des peines réservées aux adultes. Les enfants sont arrêtés pendant les manifestations mais également dans leurs foyers, généralement en pleine nuit, sur la foi de photos, de témoignages d’autres détenus ou d’indicateurs. Les enfants emprisonnés sont aussi des élèves qui ont été arrachés à leur école. Or, ils ne disposent d’aucun moyen pour poursuivre leur scolarité ou ne fût-ce que pour jouer. Il n’y a pas de bibliothèque dans les prisons ni de matériel éducatif qui permette de préparer des examens de fin d’études secondaires. (...) Un thème souvent ignoré, ou à peine abordé, est la torture. (...) les techniques de torture ont été légalisées par Israël en 1987. »

Les descendants des victimes des camps ont été transformés en gardiens d’un grand camp qu’est le territoire palestinien.

Les auteurs israéliens des massacres de Sabra et Chatila, de la guerre du Liban, de l’ordre de casser les os des enfants palestiniens ont été traités par des Israéliens eux-mêmes de nazis.

Le territoire de Gaza est un véritable camp de détention à ciel ouvert.

L’échange entre les positions de victimes et de bourreaux est véritablement réalisé...

Les classes dirigeantes israéliennes n’ont pas d’autre perspective que de transformer de plus en plus le peuple israélien en gardien de ghetto, de prison et de camp…

Concluons en quelques points : 1°) Les victimes palestiniennes du sionisme (expulsées de leurs maisons et de leur pays, violentées, bombardées, torturées, arrêtées,…) ne sont en rien les responsables ni des descendants des responsables du génocide nazi qui ne peut donc servir de justification ni de camouflage à la politique de l’Etat d’Israël.

2°) Les exactions de l’Etat d’Israël n’ont aucune raison d’être blanchies par d’autres crimes passés dont les Juifs ont été victimes.

3°) Les Juifs ne sont nullement davantage en sécurité dans un pays où ils se sont fait haïr en se faisant les expropriateurs, les spoliateurs, les assassins et les tortionnaires des habitants.

4°) Aucune occupation antique par le peuple Juif ne peut justifier que l’on exproprie les occupants modernes d’un territoire. Sinon, toute la planète serait à feu et à sang.

5°) Le dirigeants sionistes se moquent bien de la sécurité et du bien-être des habitants d’Israël, qu’ils soient ou pas Juifs. Ils ne brandissent ce drapeau que pour enchaîner les Juifs aux guerres et aux intérêts de la bourgeoisie militaire israélienne comme à celle des bourgeoisies occidentales alliées.

6°) Le nationalisme exacerbé, l’ethnisme, le communautarisme radical et le terrorisme de masse qui sont l’idéologie de base du sionisme sont les plus proches cousins du fascisme. Le fait que les Juifs aient été victimes du fascisme ne signifie pas qu’ils ne puissent pas en être les artisans. Dans les pays occidentaux qui se tournent de plus en plus vers la guerre de civilisations contre les Musulmans comme cache-sexe de la crise du système capitaliste, les extrêmes droites remplacent volontiers l’anti-Juif par l’anti-Musulman. La cible a changé mais le résultat peut être le même…

7°) Malgré tous les adeptes des croyances en l’opinion publique, dans les idéaux, dans les fanatismes et autres billevesées, la source des situations objectives menant à des affrontements violents, à des grandes explosions de violence est toujours à rechercher dans les intérêts opposés des classes sociales et pas seulement dans les idéologies nationalistes, ethniques, raciales, religieuses et autres. Même si les peuples n’ont pas su interpréter en termes de classes sociales les explosions qui se sont déroulées et qu’ils n’avaient nullement anticipées, même si l’élément de conscience de subjectivité n’y était pas, même si les peuples opprimés constituaient une menace pour les classes dirigeantes sans en avoir conscience, c’est toujours cet élément qui a été à la base de la réaction de ces classes dirigeantes et des Etats à leur service. Tous les grands massacres, le génocide des Juifs y compris, proviennent des situations exacerbées d’opposition des classes sociales. Certes les Juifs n’étaient pas menaçants en soi, du fait de leur religion, de leur race, de leur ethnie ni d’aucun caractère lié à leur origine particulière ni à leur caractère ni à leur comportement ni à leur assimilation ou non-assimilation. Ils n’étaient dangereux pour les classes dirigeantes de l’Europe que dans la mesure où une nouvelle crise du système allait provoquer une nouvelle vague révolutionnaire et pouvait reconstituer l’alliance entre les Juifs opprimés et les révolutions sociales qui s’était effectivement produite dans la vague révolutionnaire en Europe dont faisait partie la révolution russe de 1917.

8°) Certains ont prétendu que la meilleure manière de répondre à la menace était de se faire tout petit, de montrer la soumission, de refuser le combat, de se taire et de laisser passer l’orage. C’est cette thèse qui a fait faillite. Quand la révolution sociale devient objectivement d’actualité, on ne peut pas faire comme si de rien n’était : ou on assume le combat ou on l’abandonne et la place est alors faite à la contre-révolution, à ses massacres, à ses fascismes, à ses exactions de toutes sortes. La leçon a été assez chèrement payée pour qu’on l’ait compris. Quand la situation nous place en face de l’alternative socialisme ou barbarie, rien ne sert de renoncer à la révolution sociale. Or tel était le projet du sionisme : refuser la révolution communiste. Le sionisme a donc été l’auxiliaire du fascisme.

9°) Les auteurs qui étudient la propagande nazie ont bel et bien remarqué qu’Hitler et ses adeptes identifient sans cesse le « danger Juif » au danger bolchevique, celui de la révolution communiste mais ils font semblant de prendre cela pour du discours, pour un mensonge nazi comme les autres, alors que celui qui étudie l’époque constate que toutes les bourgeoisies du monde et pas seulement l’Allemande, les antisémites comme ceux qui sont favorables aux Juifs, et particulièrement ceux qui sont pro-sionistes, estiment que les Juifs sont réellement une menace sociale en cas de révolution en Europe de l’Est. Les partis et organisations bourgeoises, juives et non juives, ont maintenu cette version et, très souvent, s’en tiennent à une explication psychologique du génocide ou à une absence totale d’explication, prétendant parfois qu’expliquer ce serait justifier ! Cela signifie que la vraie cause du massacre des Juifs reste cachée aujourd’hui : c’est pour écraser par avance les risques révolutionnaires que la bourgeoisie allemande a massacré les Juifs et c’est pour cela que la bourgeoisie mondiale est non seulement passive mais complice. Le sionisme, solution juive à la « question juive », étant une des politiques proposées à la bourgeoisie mondiale pour en finir avec les Juifs en les parquant sur un territoire et aussi en finir avec les dangers révolutionnaires car le sionisme est ouvertement un soutien aux classes capitalistes juives et non-juives, fait partie de l’ensemble des politiques antisémites et, du coup, participe à sa manière de la « solution finale »….


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