Libye: violents bombardements, nouveaux soutiens à la zone aérienne

Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent tenir une réunion de crise vendredi pour discuter de l'escalade de la violence en Libye, a annoncé mardi un responsable de la Ligue arabe.
Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent tenir une réunion de crise vendredi pour discuter de l'escalade de la violence en Libye, a annoncé mardi un responsable de la Ligue arabe.

Temps de lecture : 4 min

Les forces du régime de Mouammar Kadhafi ont bombardé par air et terre mardi des positions de rebelles dans l'est de la Libye, au moment où la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne recueillait de nouveaux soutiens y compris dans le monde arabe.

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Au 22e jour de l'insurrection sanglante, l'opposition basée à Benghazi, épicentre de l'insurrection dans l'Est, a rejeté toute négociation avec le régime exigeant que le leader libyen quitte le pays et promettant le cas échéant de ne pas engager de poursuites pénales contre lui.

La télévision officielle libyenne a de son côté jugé "impensable" que M. Kadhafi "puisse prendre contact avec des agents ayant fait appel aux étrangers contre leur propre pays", en allusion aux demandes d'opposants à la communauté internationale de lancer des raids aériens contre le régime.

Alors que les violences prennent des allures de guerre civile dans ce pays pétrolier, le marché redoute une crise prolongée qui affecterait les approvisionnements mondiaux et imposerait un recours aux stocks stratégiques de brut, de quoi catapulter le baril à plus de 200 dollars.

La révolte, lancée le 15 février au prix de centaines de morts, a entraîné l'interruption des deux tiers de la production pétrolière du pays, avec le départ des compagnies pétrolières étrangères.

Malgré les sanctions internationales imposées au clan Kadhafi -gel des avoirs, interdiction de voyages-, l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, et les appels à s'en aller, le leader libyen s'accroche au pouvoir après plus de 40 ans de règne sans partage.

Ses forces tentent depuis plusieurs jours de stopper la progression vers l'Ouest des insurgés qui contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, lançant une opération de reconquête avec ses chars et ses avions contre les opposants moins bien armés.

L'aviation a bombardé intensément la ville pétrolière de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est, faisant un blessé. Un immeuble a été endommagé par un raid, le premier à toucher une habitation, selon des correspondants de l'AFP sur place.

La banlieue ouest du port pétrolier, à environ 300 km au sud-ouest du siège de l'opposition à Benghazi, a été pilonnée et trois personnes au moins ont été blessées, les rebelles parlant d'un déluge de feu. De violents combats continuaient en soirée dans la ville.

L'aviation vise quotidiennement les positions des insurgés dans l'Est, essentiellement sur la ligne de front mais aussi à Brega et Ajdabiya, verrous stratégiques vers Benghazi, à près de 1.000 km de la capitale Tripoli.

A l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten mais la ville était encerclée par les forces pro-Kadhafi, selon un témoin français. Les opposants contrôlent toutes les villes jusqu'à Nalout, près de la frontière tunisienne, a-t-il affirmé.

L'opposition a aussi évoqué de "violents combats" nocturnes à Zawiyah (60 km), que les insurgés disent tenir.

Un jeune Tunisien de retour de Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, a affirmé que huit Libyens pro-Kadhafi avaient été tués lundi dans cette ville aux mains des insurgés.

Face au chaos, les Occidentaux, qui affichent désormais ouvertement leur soutien à l'insurrection, se concertent jeudi et vendredi à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne, pour tenter d'aider l'opposition sans enfreindre le droit international ni déstabiliser la région.

La France et la Grande-Bretagne préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne en Libye mais son adoption semble se heurter aux réticences de la Chine et de la Russie.

La possibilité d'imposer une telle zone a été soulevée au Conseil de sécurité lors de consultations sur l'Afrique du Nord, selon un responsable.

Pour le commandant du corps des Marines des Etats-Unis, le général James Amos, la menace posée par l'aviation libyenne en cas d'intervention visant à imposer une zone d'exclusion semble "modeste".

Et les experts d'un des principaux instituts de recherche sur la défense, l'IISS ont jugé que l'instauration d'une zone d'exclusion était "parfaitement réalisable", mais exigerait d'importantes ressources et l'appui des pays de la région.

La Ligue arabe a prévu une réunion de crise samedi pour évoquer ce sujet, après l'accord pour sa mise en place des monarchies arabes du Golfe et de l'Organisation de la conférence islamique.

L'UE a en outre approuvé de nouvelles sanctions contre la Libye, visant un fonds souverain et la Banque centrale, alors que deux représentants du Conseil national de l'opposition ont dit à Strasbourg attendre de l'UE qu'elle le reconnaisse "le plus tôt possible" comme seule autorité légitime, avant de voir mercredi le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

Alors que près de 200.000 personnes ont fui les combats en Libye, l'ONU a chargé l'ex-ministre jordanien des Affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des "consultations urgentes" avec Tripoli sur la crise humanitaire.

Commentaires (7)

  • Esperance

    Si Kadhafi ne peut plus se servir de ses avions ni de ses hélicoptères, il y a de grandes chances qu'il parte de lui-même pour le plus grand bonheur de la population !

  • B

    Il faut sans attendre cesser ces bombardements et redonner espoir à tous ces martyres qui sont à la merci de Kadhafi.

  • battignoles

    La phrase : "Alors que les violences prennent des allures de guerre civile dans ce pays pétrolier, le marché redoute une crise prolongée qui affecterait les approvisionnements mondiaux et imposerait un recours aux stocks stratégiques de brut, de quoi catapulter le baril à plus de 200 dollars" m'a choqué, car on sait que la proportion du pétrole libyen dans la production mondiale est infime (2 à 3%). Comment peut-on expliquer que le prix du "sans plomb" ait dépassé son record de 2008, alors que le prix du baril demeure nettement en dessous du pic de 140 dollars atteint cette année là ? C'est la spéculation sur les marchés financiers, alimentée par un alarmisme bien orchestré, qui en est la cause. Les guerres remplissent les poches des spéculateurs, un nouvel exemple est sous nos yeux, et ce serait le travail des journalistes d'en informer les lecteurs.