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Ces hauts responsables qui lâchent Kadhafi

Deux pilotes de Mirage F1 ont atterri lundi à Malte. Ces colonels de l'armée de l'air auraient décidé de fuir après avoir reçu l'ordre de tirer sur les manifestants à Benghazi. Lino Arrigo Azzopardi/AP

Choqués par la répression dont sont victimes les manifestants, les ministres de l'Intérieur et de la Justice ainsi qu'une dizaine de diplomates libyens ont désavoué le régime du Guide depuis lundi.

La poigne sanglante, avec laquelle le colonel Kadhafi réprime les manifestants, divise son administration. Le régime du Guide a enregistré depuis lundi une dizaine de défections de hauts responsables. Selon le journal Quryna, le ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, a démissionné «pour protester contre l'usage excessif de la force». Le ministre libyen de l'Intérieur lui a emboîté le pas mardi. Le ministre a annoncé son soutien à la «révolution du 17 février», enhortant l'armée à passer dans le camp du peuple et à répondre à ses «exigences légitimes».

Une dizaine de diplomates libyens en poste à l'étranger, «horrifiés par les violences », selon al-Jezira, ont aussi désavoué le régime. Dernier en date, l'ambassadeur de Libye aux Etats-Unis. Ali Aujali, a annoncé mardi qu'il refusait de servir «une dictature» et a demandé le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. «Les gens se font tuer de manière brutale (avec) des chars», a dénoncé le diplomate, qui a vu des photographies de «victimes coupées en deux, comme si elles avaient été tuées par des bulldozers». «Le monde doit agir. Ce régime est en train de trembler, il est temps de s'en débarrasse», a-t-il exhorté.

L'armée serait au côté des manifestants dans l'est du pays

Avant lui, les diplomates libyens en poste au Bangladesh et en Inde avaient également quitté leurs fonctions. En Inde, Ali-Issawi, condamnant une violence «massive» et «inacceptable», a accusé le régime de «recourir à des mercenaires étrangers». En Australie et en Malaisie, les ambassades libyennes ont désavoué Kadhafi et ont affirmé leur loyauté au peuple. Leur collègue en poste à Paris ainsi que le représentant libyen à l'Unesco ont déclaré «soutenir la révolte contre la machine d'oppression et d'agression». En Chine, un diplomate a démissionné et appelé tous les membres du corps diplomatique libyen à l'imiter. Au Maroc, un employé du service de presse de l'ambassade à Rabat est également parti.

Des défections ont aussi eu lieu dans les instances internationales. Le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe depuis plus de dix ans, Abdel Moneim al-Honi, a rejoint «la révolution». Aux Nations unies, des membres de l'équipe diplomatique, emmenée par l'ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU ont exhorté l'armée libyenne à renverser Kadhafi, un «tyran qui commet un génocide».

Chez les militaires, justement, des désertions ont déjà été recensées. Deux pilotes de Mirage F1 ont atterri lundi à Malte. Ces colonels de l'armée de l'air auraient décidé de fuir après avoir reçu l'ordre de tirer sur les manifestants à Benghazi. Des témoignages, recueillis par CNN et Reuters, indiquent que l'armée se serait rangée, mardi, du côté des anti-Kadhafi dans l'est de la Libye, notamment à Tobruk. « Toutes les régions orientales échappent au contrôle de Kadhafi, le peuple et l'armée sont main dans la main», a ainsi déclaré à Reuters un officier, Hany Saad Marjaa. Toutefois, ces informations n'ont pas été confirmées officiellement.

(Avec agences)

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